• Genre : RP

    Nom : « Ne nous éternisons pas sur une Défaite, maintenant, c'est la Relance. »

    Personnage : Arès

    Contexte : Suite à la récente défaite des Hurricanes face aux Nightmares, les Dominants réunissent la Meute.

       

    « Hurricanes ! Mes chers Hurricanes... J'ai devant moi une assemblée de braves, dont je suis fière de faire partie. Et pourquoi pas de diriger ? Mon nom est Eöwyn, et la plupart d'entre vous me connaissent déjà. Je suis née ici. J'ai vécu ici. Et je peux affirmer que je mourrais ici. Mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Avant, nous allons ré-organiser la meute. Insentifions les chasses, afin de ne jamais manquer de nourriture. Entrainons-nous le plus souvent possible, tous. Je ne suis pas du genre à mentir, si j'ai quelque chose à dire, je le dirais, et j'en attend de même de votre part. J'espère vraiment être à la hauteur de vos attentes et être la meilleure Alpha possible pour vous. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. Au contraire, je serais ravie de vous répondre. Un grand guerrier ne vaincs pas toujours. Mais ce qui fait sa grandeur, c'est qu'il accepte la défaite la tête haute. Faisons de même. Nous avons perdu une simple bataille. Il y en aura d'autres. Et je vous promet de faire ce qui est en mon pouvoir pour que nous les gagnons. Les Hurricanes renaissent en ce jour. »

    Je n'étais pas à l'aise. J'aurai préféré m’éclipser dehors, aller chasser, m'isoler. Mais je ne pouvais déroger à cette réunion. Aussi suivi-je les autres loups sans faire de manière. Je m'installai sur un côté de la grotte, légèrement à l'écart, près de Louna. Je l'aimais bien, elle avait quelque chose de spécial, et mon instinct me poussait à mieux la connaître, sans vraiment savoir pourquoi.

    Croc-Blanc prit la parole le premier, évoquant la récente défaite, les changements à venir, et d'autres choses que je n'écoutai que d'une oreille. Je n'étais pas indiscipliné, loin de là, j'étais seulement...solitaire. J'étais membre de la Meute, sans aucun doute, mais je passais autant de temps à l'extérieur qu'à l'intérieur du camps. J'étais différent.

    Lorsque Louna s'avança et pris la parole, je fus surpris. Que faisait-elle ? C'était à Eöwyn de parler. Pourtant, je ne bougeai pas. Ça ne me regardai pas. Et c'était trop tard. Évidemment, elle se fit remarquer par la principale concernée, mais tout cela se passa sans trop d'embûches. Pourtant,je n'étais pas très à l'aise. Moi qui détestai me faire remarquer, j'avais eu le droit à ma part de regard étonné grâce à Louna. Mais, une fois encore, elle ne pouvait pas savoir. C'était étonnant comme certains loups avaient le don de faire exactement ce qu'on redoute.

    Lorsque Louna revînt à mes côtés, je lui jetai un rapide coup d'oeil, avant de poser mon regard sur la louve qui vînt s'asseoir à ses côtés. Je ne la connaissais pas, il me semble. Peu importe, ça ne me regardait pas. Et tandis qu'elles chuchotaient, Eöwyn pris la parole. Là encore, Arès était à peu près d'accord avec ses paroles - à peu de choses près - mais de toute façon, il n'avait pas vraiment son mot à dire.

    Elle venait d'énoncer les Chasseurs. Autant dire, que j'étais un des principal concerné, puisque nous étions peu, en ces temps assez difficile pour la Meute. Je pensai donc pouvoir prendre la parole sans paraître trop orgueilleux. Me levant, je m'avançais de quelques pas seulement. Ma fourrure argenté et ma carrure imposante étaient visibles de loin, et quand bien même les autres ne me verraient pas, ça m'était égal. Je n'aimais pas être le centre d'attention, et je ne m'adressai qu'à mes Dominants. Ce fut donc d'une voix puissante que je pris la parole :

    « En tant que Chasseur, je suis prêt à intensifier mes chasses. Je passe mes journées dehors, ramener plus de proies ne sera pas compliqué. Je demande juste la possibilité de rester assez libre pour pouvoir m'éloigner un peu si besoin est. »

    Mon regard azur parcouru un instant l'Assemblée. C'était une manière implicite d'expliquer que, quand bien même ma loyauté allait tout à la Meute, j'avais besoin d'une certaine solitude. J’espérai que ce serait suffisant à leur compréhension.

    ---------------------------------------------------

    Croc-Blanc descendit. Il cita Louna comme exemple, et j’espérai de tout coeur qu'il s’arrêterait là. Mais non. Dans un soucis d'équité sans doute - et c'était tou à son honneur - il m'adressa ensuite la parole :

    « Tu es libre de tes mouvements Arès, ton niveau de traqueur est très élevé, et j'aurais du mal à renoncer à ta demande. Fais ce que bon te semble, des loups comme toi, il nous en faudrait plus. Je respecte ta détermination. »

    C'était déjà ça. Il comprenait sans doute mon besoin de m'isoler. Mon besoin, pour le bien de toute la Meute et de mes relations, d'être seule. Il s'adressa ensuite au reste de la Meute :

    « Je vous incite tous à faire comme eux ! faits comme eux, et vous aurez la fierté et la reconnaissance de vos respectueux supérieures. »

    Non. Non, ne faites pas comme Moi. Je serrais les dents, laissant le Dominant retourner à son promontoire. Je savais au moins, désormais, que j'avais la fierté, et la reconnaissance de mes dominants. Mais je n'en avais pas besoin. Je ne voulais pas qu'on soit fier de Moi. Je n'avais rien de brillant à proposer, rien de reluisant à montrer. Et ce fut malgré moi, sans pouvoir me retenir, que je murmurai, sans doute assez fort pour que quelques loups m'entendent :

    « Non. Ne faites pas comme Moi. Je suis loin d'être un modèle. Il n'y a rien que vous puissiez m'envier. »


    J'aurai voulu m'en aller. Sortir de la grotte. Courir, pour oublier. Je sentais la douleur se faire plus sourde et plus pernicieuse. C'était une manière de me prévenir de mes fréquentes crises. Ces dernières, quoi que je fasse, finissaient toujours par me terrasser. J'avais beau courir, hurler, tenter d'oublier, elles me laissaient toujours pantelant et vide de tout espoir de guérison.

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    Mes muscles frémissaient, tentant de réprimer cette douleur perçante qui se levait peu à peu. Cette douleur si vicieuse qu'elle atteignait les moindre recoins de mon être. Cette douleur qui était mienne depuis bien longtemps déjà, et que pourtant, je n'arrivai pas à maîtriser, ni à faire disparaître. Je la côtoyai depuis longtemps, comme une vieille Amie, mais je ne savais comment la réduire au silence, comment la maîtriser. Je ne la connaissais qu'en apparence. Soudain, Louna se leva, et me tira gentiment l'oreille :

    « Tu n’es pas heureux d’avoir plus de liberté Arès ?»

    Je ne voulais pas lui faire de peine. Je n'avais rien contre elle. Mais elle n'était pas là depuis longtemps, et elle avait déjà su réveiller presque toutes mes blessures. Elle ne pouvait pas comprendre. Elle ne pouvait pas non plus savoir. Savoir que je n'étais pas l'Ami qu'il lui fallait. Savoir que j'étais un loup froid et distant, et que je ne m'attachai à personne.

    Non, elle ne pouvait pas savoir, mais pourtant, je ne parvins pas à me retenir. Mon regard se chargea de colère, rancœur accumulée au fil du temps, et je m'écartai vivement d'elle. Elle ne pouvait ignorer mon état d'esprit, qui se lisait - pour une fois - sur ma face. Les Babines légèrement retroussées, tentant tant bien que mal de me contrôler, je reculai, mon regard azur planté dans le sien.

    Non, je ne pouvais pas rester. J'avais la permission de Croc-Blanc pour m'éloigner, et je la mettais à contribution dès à présent. Tournant le dos à la Meute, et à Louna, je m'élançai au dehors de la grotte, traversai le camp, et m'éloignai en courant vers un endroit où je pourrais exprimer ma colère sans personne pour me contrarier.

       

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  • Genre : RP

    Nom : Sauvetage

    Personnage : Arès

    Contexte : [Quête] Durant une de ses patrouilles, Arès vient en aide à un petit.

       
    Une légère brise qui semblait tiède par rapport au vent glacé des Terres du Nord d'où venait Arès. Mais de toute manière, le grand mâle n'avait jamais froid. Le climat des Territoires Hurricanes ainsi que ceux qui les bordaient était plutôt clément. Même les pires tempêtes de neiges n'atteignaient pas l'intensité de celles de ses Terres natales.  Et il avait de quoi se protéger. Une fourrure assez dense, même si elle avait perdu de son importance depuis qu'il était arrivé ici, et une fine couche de graisse pour lutter contre le froid. La Nature était bien faite.

    Il était encore tôt, mais Arès était en chasse depuis l'Aube. Il avait déjà fait un aller-retour, mais tenait à rapporter encore quelques proies, car il était chargé, avec d'autres, d'assurer la subsistance des membres de la Meute. Le plus dur, dans tout ça, n'était pas d'attraper une proie - il était un chasseur aguerri après ses longs mois en solitaire - mais de la débusquer. Alors, les sens en alerte, il avançait silencieusement en bordure de la plaine où il se trouvait, non loin des arbres.

    Soudain, un gémissement le fit stopper net. Il écouta avec attention, jusqu'à en entendre un autre. Ce n'était pas une proie, ça ne l'intéressait donc pas, mais ça semblait être l'appel d'un louveteau en détresse, or, bien qu'il soit plutôt de nature froid et assez indifférente, il ne pouvait laisser un loup en danger, surtout s'il s'agissait d'un de ses compagnons. Suivant le bruit, il détala dans sa direction, laissant la plaine et son but premier derrière lui.

    Son corps souple et entraîné eut vite fait de l'amener sur le lieu d'où provenaient les gémissements. Une petite trouée dans la forêt, où les racines pointaient. Et là, il y avait un louveteau, pas tout petit mais assez jeune, qui tentait vainement de repousser à coup de patte le renard qui essayait de le mordre. Heureusement, le prédateur était seul, car s'ils avaient été plusieurs, le petit n'aurait pas eu autant de chance. Cependant, Arès songea en plissant les yeux que le louveteau n'avait rien à faire là, seul, et qu'il avait sans doute désobéit.

    Mettant un terme à ses réflexions - il les continueraient plus tard - il sortit de la forêt, et s'avança vers le renard en grognant. Ses crocs luisants pointant sous les babines retroussées de sa puissante mâchoire, il s'approcha du renard là tête en avant, comme s'il cherchait à s'approcher d'une proie. Ses muscles puissants jouaient sous sa fourrure, et ses grognements le rendaient encore plus imposant qu'il ne l'était déjà. Il n'aimait pas qu'on le dérange. Il n'était pas du genre bavard ou sympathique. Et ce renard avait tout intérêt à déguerpir, sans quoi il aurait vite fait de le mettre hors d'état de nuire, agacé.

    Ce fut tôt fait. Quand il l'aperçut, le renard hésita un instant et montra lui aussi les dents, mais il était clair qu'il ne faisait pas le poids. Il tourna donc les talons et s'enfuit sans demander son reste. Arès reporta alors son regard sur le louveteau tremblant. Il ne grognait plus ni ne montrait les dents, mais restait de toute manière imposant. Impressionnant. Et son caractère solitaire n'arrangeait jamais rien.

    Le petit tremblait comme une feuille. Il était rassuré que le renard soit parti, mais se remit à trembler quand il aperçut le grand mâle gris qui le regardait. Il ne gémissait plus, mais ses petits yeux brillants trahissaient sa peur. Sans plus de présentation, Arès demanda d'une voix grave :

    « Que fais-tu ici ? »

    Le petit tressauta lorsqu'il lui adressa la parole, et bafouilla :

    « Je...Je me suis perdu...»

    « Tu ne devrais pas être tout seul. Les Meutes ne laissent jamais leurs louveteaux sortir tout seul. »

    C'était en quelque sorte un moyen de lui faire avouer qu'il avait désobéit. Le petit ne pouvait pas encore savoir si le grand mâle lui voulait du mal. Mais de tout manière, il devrait trouver quelque chose pour expliquer sa présence ici. Après quelques instants, il baissa la tête et se recroquevilla, et répondit :

    « Je suis sorti tout seul.»

    Au moins, il reconnaissait sa faute. Et il y avait fort à parier qu'il ne recommencerait pas. Cependant, Arès en rajouta une couche pour être sur qu'il ait bien compris. Il n'était pas du genre papa attendrit, mais il se sentait protecteur envers ce louveteau là, comme envers la plupart des autres, car il espérait pour eux un meilleur futur qu'il n'avait eu lui même.

    « Tu as désobéit. Et maintenant, toute ta Meute doit être à ta recherche. Imagine si je n'étais pas arrivé pour faire fuir le renard. Et si je n'étais pas passé par là ? Et s'il n'y avait pas eu qu'un seul renard, comment aurais-tu fais ? Je vais te le dire. Tu te serai fais avoir. Et ta Meute te pleurerai. Est-ce cela que tu souhaites ? »

    Arès avait parlé d'une voix forte, avec un air mécontent. Ce petit, même s'il n'avait rien et s'en sortait avec de la chance, avait été à deux doigts de finir en morceau. Il devait comprendre.

    « Non... »

    C'était un chuchotement, si bas que le mâle ne l'entendit que de justesse.

    « Ne Recommence jamais ! Jusqu'à nouvel ordre, ce n'est pas à Toi de décider ce qui est bien pour Toi. »

    Le louveteau acquiesça rapidement. Il tremblait moins, car il devait avoir compris qu'Arès ne lui ferait rien, mais sa frayeur face au renard n'était pas encore totalement passé.

    « De quelle Meute viens-tu ? »

    Levant son petit museau, le jeune hésita un instant de répondre.

    « Je suis un Hurricane. »

    Arès hocha la tête. Au moins, il n'aurait pas à se pointer au porte d'une Meute ennemi, un petit avec lui, tremblant comme une feuille. C'était une bonne chose, car il aurait eu du mal à prouver son innocence. Oh, bien sur, il aurait pu laisser le petit là, et faire demi-tour, mais ça ne lui ressemblait pas. Il n'était pas comme ça. Oui, il était taciturne, distant, froid, mais pas méchant. Pas cruel.

    S'approchant du petit sans rien dire, il le saisit par la peau du coup - ce dernier n'osa rien dire - et prit le chemin du retour. Le trajet fut plus long qu'à l'aller, car il ne pouvait courir à pleine vitesse en ballotant le louveteau, aussi se contentait-il de trottiner. Bien sur, il aurait pu le laisser courir par lui-même, mais il n'était pas sur que ce dernier soit assez en forme pour avancer à bonne allure, et lui ne voulait pas perdre de temps. Il était Chasseur, certes, et membre à part entière d'une Meute qu'il devait protéger, mais il était aussi un ancien solitaire. Chassez le naturel, il revient au galop.

     

       

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  • Genre : RP

    Nom : « Je suis perdue et à Moitié morte, que peux-tu me faire de plus ? »

    Personnage : Arès

    Contexte : Tandis qu'il chasse, Arès vient en aide à une louve en piteux état.

       

    Trois foulées. Deux. Une. D'un bond puissant, je parcourus la distance me séparant du lapin, lui retombai dessus, et lui brisai l'échine. Ça n'avait rien de difficile. Ça ne l'avait jamais été. J'étais agile et rapide de nature. L'entraînement n'avait fait qu'améliorer tout cela. Et pourtant. La chasse ne me procurait rien de joyeux, aucune sensation grisante. Je ne faisais que mon travail. Assurer ma survie, et celle de la Meute. C'est désormais la seule chose qui m’incombe. La seule chose qui compte. Ma vie n'a plus de sens, et cela fait déjà bien longtemps que j'attends. Quoi, au juste ? Que tout cela cesse. Rien d'autre n'importe.

    Ma proie fraîchement attrapée dans la gueule, je me dirige vers le Lac pour me désaltérer, car les journées commencent à se faire chaudes, et la chasse n'a rien de reposant. Cependant, alors que je m'approche de l'immense étendue d'eau, une odeur me prend au nez. Elle me remémore tellement de souvenir que je m'arrête net, prêt à faire demi-tour. Cette odeur aux reflets métalliques, qui n'est jamais synonyme de bonnes choses. Il y a un loup blessé - voir mort - ici. Mais l'odeur qui se révèle ensuite me pousse à continuer ce que j'avais entrepris. C'est un loup de ma Meute, j'en suis sur. Bien que je ne le connaisse sans doute pas de vu, l'odeur ne me tromperas pas.

    Alors je m'avance - toujours sur mes gardes - sans me défaire de mon indifférence et de ma méfiance. Je ne ferai plus confiance avant longtemps. Et je ne ferai jamais confiance aux loups qui défendent les Hommes, si tant est qu'il en existe. Jamais. Il y a une louve. Blanche. Un pelage blanc comme la neige, mais teinté de rouge. Elle est blessé, et plutôt sérieusement. Les marques s'étalent sur tout son corps, et elle semble en bien piteux état. Pourtant, lorsqu'elle m'a senti, elle s'est relevé d'un bond, et me fait a présent face en grognant.

    Mais je ne me battrais pas. Parce qu'elle est de ma Meute. Et parce que ma vengeance n'aura d'autre cible que les Hommes. Ma colère et mon ressentiment ne doivent pas me rendre aveugle. Je la contemple un moment, immobile, mes yeux emplie d'une douleur sans fin, qui ne disparaitra jamais. Je pose ma proie au sol, et d'une voix calme et indifférente, je parle.

    « Je ne veux pas me battre. Et je ne le ferai pas. »

    -----------------------------------

    « Je t'en supplie ... Aides moi ... Je...je ne le demanderais pas si je n'étais pas au bord du gouffre... Je t'en supplie ... Bon ... Je viens de me réveiller il y a peu, je ne me souviens plus de mon passé, plus d'où je viens, je sais juste que mon prénom est Louna ... Je suis épuisée, je ne sais vraiment rien d'autre. Je te jure que je ne te mens pas ! Je t'en supplie, aide moi ... »

    Elle vacille. Tremble. Tente tant bien que mal de se redresser. Elle semble si fatiguée. Mais je reste immobile. Car cette louve vient, durant une fraction de seconde seulement, de me rappeler à quel point je souffre. Elle a oublié. Elle ne se souvient plus. Louna, comme elle a affirmé s'appeler, n'a plus à se soucier de son passé.

    C'est injuste ! Mes babines se retroussent d'elles-mêmes. J'ai tout fait pour oublier. J'ai abandonné tout ce que j'avais, fuit tout ce que je connaissais, brisé jusqu'à mes plus anciens souvenirs. Mais je n'ai pas oublié, et mon passé me hante toujours. Je n'ai pas eu sa chance. Celle qu'elle ne semble même pas saisir. Pour un peu, je sera jaloux. Non, en réalité, je le suis. Je lui en veux. Et mon regard ne peut cacher ce sentiment d'incompréhension.

    Mais lorsque le voila de douleur s'atténue légèrement, je me rends compte. Je ne suis plus ce que j'étais. Je ne le serai plus jamais. Mais ce n'est pas une raison pour en vouloir à cette louve. Abandonnant ma posture agressive, je ramasse ma proie, et m'avance d'une foulée assurée vers elle. Je suis fort et agile. Je pourrais la défendre. Et sans savoir pourquoi, la décision que je viens de prendre me conforte. Je veux aider cette louve. La comprendre. Et peut-être parvenir à me comprendre moi-même.

    Il ne m'appartient pas de décider si elle peut rejoindre la Meute, mais je peux au moins la conduire jusqu'à Eöwyn, notre Dominante. L'aider. Et désormais, je suis responsable d'elle jusqu'à ce qu'elle soit en lieu sur, au sein de la Meute. Une fois près d'elle, je pose délicatement le lapin que je viens d'attraper entre ses pattes, et le pousse d'un petit coup de museau vers elle.

    « Tiens, prend-le, j'en attraperai un autres plus tard. Je m'appelle Arès. »

    Lorsqu'elle aurait finit de manger, il pourrait l'aider à se relever, et à rejoindre le camps. Ce serait long et fastidieux, mais il la soutiendrait. Lui était inébranlable depuis longtemps, bien longtemps. Mais seulement physiquement.

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    La louve se jeta sur le lapin, et le dévora rapidement. Évidemment, quand on a faim, on ne réfléchit pas. On agit par instinct. De toute manière, les lapins ne sont pas bien difficiles à attraper, et il me restera une bonne partie de la journée pour en attraper d'autre, je ne me défile donc pas devant mon devoir. Bien au contraire. Car j'aimerai de tout cœur que cette louve intègre notre Meute. Parce qu'elle me semble différente des autres. Et j'ai besoin de parler. Besoin de savoir.

    « Je ne pourrais jamais assez te remercier ... »

    Bien sur que si. Elle le pourrait. Et même bien lus que cela. Mais elle ne le savait pas encore. Je ne veux pas la brusquer, pourtant ma curiosité et mon besoin de savoir se font impérieux. Alors qu'elle se relève, je la vois vaciller, et me dépêche donc de venir la soutenir. Ses blessures ne semblent pas si profondes, mais il faudra quand même qu'elle s'en occupe plus tard.

    « Merci ... Merci milles fois ... »

    Je pose mon regard sur elle. Je la contemple un instant. Si seulement elle savait. Je ne suis pas celui qu'elle croit voir en Moi. Loin de là. Aujourd'hui est seulement une bonne journée, mais demain sera un autre jour. Un jour différent. Avec un Moi différent. Et alors, je serai capable de la rejeter en grognant. Je me sais capable de cette chose. Je ne suis plus ce que j'étais auparavant. Ce que j'ai été. Ce que j'aurai du devenir. Ma voix est grave lorsque je parle, presque autoritaire.

    « Non. Ne me remercie pas. Je ne suis pas celui que tu crois voir en Moi. Je suis bien différent. »

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    « Je suis désolée, vraiment … »

    Elle s'appuie de plus en plus sur Moi. Je le sens, comme j'entends ses légers couinements, ceux qu'elle essaye de cacher. Elle est bien mal en point, mais je ne peux l'aider plus que ce que je ne fais actuellement. Je pourrais la traîner, mais ce serait véritablement difficile pour elle, aussi ne lui proposais-je pas.

    Comme je devinai que Louna ne me demanderai pas l'aide dont elle avait besoin, je pris l'initiative de me coller encore plus à elle, le plus que je pouvais, ce qui lui rendit la marche plus facile, bien que ce soit douloureux et compliqué. Mais nous n'avions pas le choix, et le camps n'était plus très loin.

    J'avais pour habitude de faire de grandes foulées, amples, des foulées puissantes de chasseur, et je devais faire attention à chacun de mes pas. Je me savais imposant et musclé, et le moindre de mes geste pouvait la faire tomber. Et tandis que nous avancions tant bien que mal, je tentais de réprimer toutes mes interrogations. Pourtant, je finis par lui poser un question, qui était bien loin de celles qui entachaient mon esprit, mais qui satisferait un tant soi peu ma curiosité.

    « Que vas-tu faire, désormais ? »

    ---------------------------------------

    Au bord des larmes. J'avais essayé de ne pas la brusquer, mais mon éternelle et insatisfaite curiosité l'avait blessé, et je m'en voulais. Je sais à quel point le Passé peut-être douloureux. Peut-être que s'il me restait des larmes, je pourrais pleurer, mais mon cœur est devenu dur comme le roc. Il y a bien longtemps que je ne suis plus qu'un fantôme.

    « Je n'en sais rien ... Je ne sais même pas où je suis. »

    Un traumatisme si profond. Je me surpris à l'envier encore une fois. Certes, elle était déboussolé, mais son Passé, quel qu'il soit, ne la hantait plus. Et j'aurai donné cher pour être à sa place, je crois. Mais là n'était pas la question. Si je pouvais l'aider, alors je devais l'aider, et peut-être qu'elle même pourrait me guider par la suite. Pour quoi faire ? Je n'en sais rien. Mais peu importe. Ce fut donc d'une voix calme et paisible que me mit à parler.

    « Tu es sur près du Lac, sur les Territoires Hurricanes. Je suis un Hurricane. Un Chasseur. Et je t'emmène voir Eöwyn, notre Dominante. Elle pourra peut-être t'aider. »

    Comme elle l'avait fait pour lui ? Non, sans doute pas. Personne ne pouvait l'aider. Sa blessure était encore béante, après tant de temps. Elle ne guérirait jamais. Elle serait toujours là, douleur sourde, prêt à lui sauter à la gorge.

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    Elle finit par poser sa tête contre mon épaule. Ce n'était pas plus mal, elle assurait sa stabilité. Nous continuâmes donc notre chemin, clopin-clopant, nous rapprochant peu à peu de notre destination finale.

    « Parles moi des Hurricanes s’il te plait … »

    Je m'arrêtai un instant, surpris. Lui parler des Hurricanes ? Mais pour dire quoi ? Je ne suis pas un véritable Hurricane, je ne suis pas né ici. Je ne suis là que depuis quelques lunes, rien de plus. Reprenant ma marche, en tentant de ne rien laisser paraître de la douleur vive qui venait de me saisir, je ne dis rien. Louna ne pouvait pas savoir. Elle ne pouvait pas savoir que parler de mes origines et de mon passé est affreusement douloureux. Je ne peux lui en tenir rigueur.

    Je dois lui répondre. Elle m'a posé une question. Mais que dire ? Je ne veux pas étaler mon passé, rouvrir une blessure béante encore trop douloureuse. Je l'apprécie, comme quelques loups, mais je ne dirai rien. Je n'ai jamais rien dit à personne. Aucun loup ne sait vraiment qui je suis, et d'où je viens. Et je ne parlerai pas. Je ne répondrai pas aux interrogations. Je ne retournerai pas en arrière, loin, chez Moi. Quand je parle, ma voix est basse, et même si je tente de dissimuler mon mal-être, la lueur douloureuse qui traverse mes yeux en dit long.

    « Je ne peux pas. Je ne peux pas te parler des Hurricanes.»

    ---------------------------------

    Alors que nous marchions, Louna trébucha, et s'affala par terre. Elle était épuisée, à n'en pas douter. Et ses paroles me le confirmèrent :

    « Je suis morte de fatigue ... Je n'en peut plus Arès ...»

    J'aurai du me douter qu'elle n'avait pas assez de ressource pour aller jusqu'au Camps. J'avais sans doute mal estimé la distance, moi qui était infatigable, et qui courrait les Territoires chaque jour durant des Heures. Je ne savais pas vraiment que faire, mais au fond, la situation ne me laissait pas tellement le choix.

    Alors, tandis que Louna s'enfonçait dans un était à demi-inconscient, je la contournai, attrapai délicatement la peau de son cou, et commençait à la traîner lentement. J'avais peur de la blesser, peur de mal faire, mais je n'avais pas le choix. Et elle ne pesait pas grand chose. Certes, c'était une louve adulte, mais durant mes voyages solitaires, j'avais maintes fois traîné un élan ou orignal sur de longues distances. Et Louna ne pesait rien à côté de ces mammifères là.


     

       

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  • Genre : Histoire

    Partie : 1

    Personnage : Arès

    Contexte : Début de la vie d'Arès.

       
      Je viens d'un Pays où la neige ne fond jamais. Où la nuit dure la moitié de l'Année. Où le vent glacé souffle sans discontinuer. Ce pays, j'y suis né, et j'y ai passé mon enfance. Sans doute la plus belle partie de ma vie. Mes seuls jours innocents. Heureux. Mon monde ne se résumait alors qu'à cela. Ma mère, Artémis, et sa douce fourrure argentée, mon père, Ysmir, aimant et protecteur, ma soeur, Ushka, pleine d'entrain et de malice, et mon frère, Zarys, fier et ambitieux. Et bien sur, il y avait la Meute. Ces loups gentils et attentifs qui veillaient parfois sur nous. C'était ma famille. Et nous étions heureux.

    J'étais heureux. Je n'étais alors qu'un louveteau. Mes journées se résumaient à de jeux avec les autres louveteaux, et aux heures passées dans la tanière, avec notre mère. Son odeur, sa voix, tout cela me comblait. C'était quelque chose d'unique. Jamais nous ne l'aurions confondue avec une autre, quand bien même nous aurions été aveugles et sourds. Mais ce n'était pas le cas. Et chaque jour, nous pouvions voir sa fourrure claire et ses yeux azur veiller sur nous. Il y avait aussi mon père. Valeureux combattant qui, chaque jour, nous ramenait une proie différente. Sa fourrure sombre et ses yeux sables étaient toujours synonymes de sureté.

    Si la vie c'était résumé à cela, alors nous aurions été les plus heureux. Si chaque loup avait connu cette enfance dorée, alors la Guerre n'aurait pas lieu d'être. Mais la vie ne nous laisse jamais de répit. Et chaque minute de bonheur a un prix. Ce prix, je l'ai découvert alors que j'étais encore jeune. Et je ne l'oublierai pas. Jamais

    C'était un matin. Tôt. Le temps était clément, et le vent ne soufflait pas trop fort. Nous étions fiers de pouvoir enfin accompagner les autres le long de nos Territoires. Si seulement j'avais su. Peut-être que j'aurai pu les sauver. Peut-être que tout serait différent. Mais je ne savais pas. Nous courions, riant aux éclats. Tout était si beau. La neige était douce sous nos pattes. Les gardiens de la Meute nous protégeaient. Nous étions invincibles. Du moins le pensions-nous. Mais ça n'était pas vrai. Rien n'est jamais réellement vrai. Les illusions ne font que bercer nos sens.

    Il y eut ce bruit terrifiant. Qui résonne encore dans mes oreilles. Un bruit sourd, qui ne pouvait qu'être mauvais. Ce n'était pas le chant d'un oiseau ni le brame d'un cerf. Ce n'était pas non plus le grognement d'un loup ou le cri d'un renard. Non, c'était bien pire. C'était quelque chose que nous ne connaissions pas. Le vent avait dissimulé leurs odeurs. Une odeur terrible. Une odeur qu'il me tarde de rencontrer de nouveau. Celles des hommes.

    Une fraction de second après ce bruit assourdissant, le grand mâle beige à ma gauche s'effondra, inerte. Je ne compris pas. Personne ne comprit. Sauf les adultes. En un instant, notre monde bascula. Nous avions toujours pensé que la vie était clémente, que rien ne pourrait jamais nous arriver. Mais nous nous étions trompés. Et nous ne le comprîmes que lorsque les autres gardiens nous écartèrent du chemin, en nous ordonnant de courir. Courir loin. Courir vite. Ne pas se retourner.

    Nous étions obéissants. Les grands avaient toujours raison. Mais tandis que nous courions, Ushka, Zarys, Moi et les autres, notre innocence vacilla. Nous étions en train de comprendre que la sureté n'était qu'une illusion. Qu'il y avait plus dangereux qu'une autre Meute de Loup, où qu'un élan qui chargeait. Mais nous ne savions pas ce qu'ils étaient. Alors nous courrions. Jusqu'à ce que nous n'entendîmes plus aucun bruit. Ce fut seulement à ce moment là que nous nous observâmes. Deux d'entre nous manquaient à l'appel. Et il n'y avait plus de grands avec nous. Nous étions seuls, sans personne pour nous protéger.

    Lorsque nous étions petits, on nous avait toujours enseigné de ne jamais rester seul, de toujours rester avec un adulte. Nous devions faire demi-tour. Nous étions terrifiés, mais notre instinct nous poussait à retourner sur nos pas, et à suivre ce qu'on nous avait appris. Suivant nos traces, nous parvînmes à retrouver notre chemin. Et ce qui nous attendait dépassait de loin ce que nous avions jamais imaginé. Je ne souhaite à aucun loup, qu'il soit jeune ou petit, de découvrir cela.

    La neige était teintée de rouge. Et l'odeur qui flottait dans l'air nous fit plaquer la queue entre nos pattes. Nous ne l'avions rencontré que quelques fois, lorsque qu'un ancien rejoignait nos Ancêtres. Et alors, la Meute pleurait en silence. Nous n'avions jamais réellement compris pourquoi. Nous pensions naïvement que l'Ancien ne faisait que dormir, et qu'il se réveillerait plus tard. Nous n'avions jamais prêté attention au fait qu'il ne revenait jamais. Nous étions jeunes.

    Je me souviens de cette peur glacée qui m'étreignit le poitrail. De ce frissonnement qui me parcourut l'échine. Aujourd'hui encore, ce souvenir me hante. Il n'y avait plus de bruit. Les oiseaux ne chantaient pas. Et aucun loup n'était visible. Alors nous avançâmes. Et nous vîmes le grand loupe beige, le premier à être tombé, étendu sur le sol. Quand nous l'appelâmes, il ne réagit pas. Et nous comprîmes.

    Il n'y a qu'un pas entre le petit et l'adulte. Et ce pas, nous venions de le franchir. Les petits étaient innocents. Et rien n'étaient grave. Mais nous avions compris que le grand mâle beige ne dormait pas, et qu'il ne reviendrait pas, pas plus que les autres. Nous pûmes alors mettre un nom sur ce que nous n'avions jamais compris. La mort. Tous ces loups que nous avions regardé, patient, tandis que la Meute pleuraient. Ils étaient morts. Et ils ne reviendraient jamais.

    Nous n'avions pas parlé. Nous ne nous étions pas regardé. Mais chacun avait compris. Le grand mâle, immobile, était la preuve que nous n'étions plus des enfants. Et alors les larmes se mirent à couler. Parce que nous étions terrifiés. Mais aussi parce que nous avions compris que notre vie venait de basculer. Et parce que nous avions peur de ce que nous allions découvrir.

    Faisant fi du danger, chacun se mit à courir, appelant désespérément ses parents, son frère, son oncle. Mais personne ne répondit. Pas un seul loup. Il nous semblait inimaginable que tous aient disparus. Ils devaient être plus loin en train de nous chercher. Pourtant, au fur et à mesure que nous marchions, je compris qu'une fois encore, nous avions faux. Il y avait bien des choses que nous ne savions pas. Mais désormais, une chose était claire. Rien n'était impossible. Pas même le fait que tous aient été touché.

    Je m'étais toujours promis d'être courageux et fier, comme mon père. De ne jamais trembler. De ne jamais avoir peur. Mais ce jour-là, tout cela se brisa, et tandis que j'appelais, les larmes roulaient de plus belles sur mes joues, et je tremblais de tout mon corps. Et ce que je vis ne fit qu'intensifier ma peur. Un pelage de nacre, au coin d'un buisson. Un pelage si familier que je su immédiatement. Je courus vers ma mère, l'appelant encore et encore. Lui demandant de se réveiller. Mais la mort fait bien son travail, et ne laisse aucune chance. Elle prend, mais ne redonne jamais.

    Et tandis que mon Monde s'écroulait peu à peu, je compris pourquoi les grands craignaient la mort. Parce qu'elle était affreusement douloureuse, et parce qu'elle laissait une blessure béante. Un vide impossible à combler. Une cicatrice à jamais douloureuse. Quand je compris que ma mère ne reviendrait pas, je me mis à la recherche de mon père. Ce fut difficile de l'abandonner là. Ce fut la chose la plus dure que j'eus jamais à faire.

    Je finis pas trouver le corps sombre de mon père, couché au pied d'un sapin. J'eus un regain d'espoir en voyant ses yeux couleurs sables. Il n'était pas mort. Nous n'étions plus seuls. Ils était encore là pour nous. Il était invincible. Mais une fois encore je me trompais. Et ce fut la marre de sang sous son flanc qui me le fit comprendre. Il n'était pas plus invincible que les autres. Personne ne l'était.

    Je pleurais, le suppliais de ne pas partir, de rester avec nous, pensant naïvement qu'il pourrait choisir. Mais il ne répondit pas. Il me parla. J'étais trop terrifié pour comprendre le sens de ses paroles. Mais je m'en souviens encore. Et lorsqu'il se tut, je le suppliais de parler encore. Je voulais entendre sa voix. Mais je ne pu rien faire lorsqu'il ferma les yeux. J'eus beau le pousser, me blottir contre lui, il ne se réveilla pas non plus.

    Alors je pleurai. Mes parents disparus. Ma Meute décimée. Mon enfance à jamais révoquée. Je poussais mon premier hurlement de douleur, de chagrin. J'appelais encore et encore, suppliant, dans l'espoir qu'ils reviendraient. Mais il ne revinrent jamais. Ils n'étaient plus, et ne le seraient jamais plus. Je ne savais pas où était Ushka, ni où était Zarys. Je ne savais pas où était les autres. Mais tout cela n'avait plus d'importance. Le trou béant qui enserrait ma poitrine me faisait atrocement mal.

    Et lorsque je vis Sedjem, l'Alpha, arriver, ainsi que plusieurs autres loups, je ne les regardai même pas. Je ne voulais pas les voir. Je voulais voir mes parents. Je me fichais du reste. Alors je pleurai et appelai, encore et encore. Et je n'arrêtai pas, pas même quand l'Alpha vînt m'enserrer avec une patte pour essayer de me réconforter. Pas même lorsque je vis Ushka. Que pouvaient-ils faire ? Rien. Absolument rien. J'étais désormais tout seul face à la vie. Je n'étais pas prêt. Et je ne songeai même pas à la douleur d'Ushka. Je ne prêtais attention qu'à la mienne, qui semblait me dévorer.

    J'aurai voulu me blottir contre le corps de ma mère, sentir son corps chaud, m'endormir aussi, mais Sedjem ne me laissa pas le faire. Avec douceur, il me pris par le cou, et m'emmena. Loin, très loin de tout cela. Les autres loups emmenèrent les louveteaux désormais orphelins que nous étions tous. Je n'étais pas le seul à pleurer. En un instant, quelque chose que nous n'avions jamais connu, jamais vu ni jamais sentie, venait de détruire la moindre miettes de notre monde. Je ne revis jamais mes parents, pas plus que Zarys.
       

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  • Genre : RP

    Nom : « Le Passé prend Racine dans l'Avenir »

    Personnage : Arès

    Contexte : Arès rencontre Khaleesi dans l'Antre de Godness

       

     

    Je ne suis pas sur de vouloir rentrer. Il y a quelque chose d'étonnant dans cette grotte, quelque chose de spécial, qui me fait hésiter. Je ne saurai dire ce que c'est, mais je le ressens. Comme s'il je n'étais pas seul. Pourtant, je suis certain qu'il n'y a pas d'autre loup ici. Je suis un chasseur expérimenté, et mon odorat ne me trompe jamais. Ou presque.

    Postée à l'entrée de la grotte, ma silhouette musclée et ma grande taille empêchent la lumière de pénétrer à l'intérieur de la caverne, si bien qu'il fait sombre au milieu de la roche. Mais cela ne m'inquiète pas. Au contraire. J'aime l'obscurité et la tranquillité qu'elle amène. C'est ce qui me pousse à entrer. Une patte après l'autre, j'entre dans la grotte.

    Je ne suis pas en colère. Pas triste non plus. Je suis serein, et c'est un bien étrange sentiment qui s'empare de moi. Je n'ai pas pour habitude d'avoir l'Esprit en Paix. Cela fait bien longtemps que je souffre de mon passé, et la blessure béante ne s'est toujours pas refermée. Mais en ce lieu, je suis apaisé. Comme si mon fardeau m'avait été enlevé pour un temps.

    -------------------------------

    C'est étrange comme la disposition d'un lieu a la capacité de vous changer. Profondément. Étrange aussi de ne pouvoir l'expliquer. Il y a beaucoup de choses que nous autres, loups vivant sur ces Terres depuis des années, nous étions résigné à ne pas comprendre. La pluie et le soleil. Le Jour et la Nuit. Mais il y a des choses que nous pouvons expliquer. Pourquoi le lapin fuit lorsqu'il voit un prédateur. Pourquoi les petits ne doivent pas rester seul. Nous avons une parfaite connaissance de notre monde. Du moins, c'est ce que nous aimons à penser.

    Mais je doutai que ce fut réellement la réalité. Les plus ambitieux d'entre nous estiment que les choses ne dépendent presque que d'eux, et que chaque acte est le fruit d'une décision. Mais, à mes yeux, c'est une erreur. Parce que si telle est la vérité, alors bien des choses seraient différente. Il n'y aurait plus de loups mutilés, plus d'orphelins. Plus de tempêtes, ni d'incendies. Or, nous avons beau nous escrimer à essayer d'endiguer tout cela, nous ne pouvons nous voiler la face. Nous ne sommes que des pantins.

    Pourquoi cela ? Parce qu'il est des gestes qu'aucun loup n'est capable d'expliquer, pas même lorsque que c'est lui qui les réalise. Parce qu'il existe des phénomènes qui restent extraordinaires ou mystérieux. Parce que nous ne sommes pas immortels. Si nous étions les Maîtres, alors j'aurai pu protéger ma Famille. Ysmir et Artémis ne seraient pas mort. Zarys et Ushka seraient à mes côtés. Et je ne serais pas ici.

    Petit, j'aimais à penser qu'il y avait des entités bien plus puissantes que nous pour nous protéger. Nous les appelions les Ancêtres, eux qui avaient foulé les mêmes terres que nous, des générations auparavant. Eux qui pouvaient éloigner ce lynx lorsque nous étions trop jeunes et inconscient pour comprendre le danger. Mais j'avais abandonné cette idée il y a bien longtemps. Comme tout le reste de ma vie.

    Si les Ancêtres s'intéressaient vraiment à nous, et cherchaient à nous protéger, pourquoi causer tant de souffrances ? Pourquoi laisser faire de tels carnages ? Je n'avais jamais trouvé de réponse. Je n'étais pas quelqu'un d’orgueilleux de nature, mais face à cette question restée sans réponse, je m'étais fais à l'idée que les Ancêtres ne nous protégeaient pas. Nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. Et sur personne d'autre. Certains croient au Destin tout tracé, à la voie pavé d'or qui les attends, ou au contraire, aux ravins qu'ils doivent franchir. Mais je pense qu'ils se bernent.

    Rien n'est jamais déterminé, rien n'est jamais sur. Chaque page de notre Histoire nous appartient. C'est à nous d'écrire nos mots, notre aventure. Chacun est maître de son Destin. Et quand bien même certains évènements ne dépendent pas de nous, les choix qui en découlent, ceux que nous faisons en toute connaissance de causes, ces choix là tracent notre destiné.

    C'est ainsi que je me représente la vie. Une succession de choix, de décisions. Et lorsque nous nous trompons, il n'y a pas de retour possible. Lorsqu'on craint la mort, l'erreur est terrifiante. Elle nous tétanise. Mais je ne crains pas la mort, pas plus que la douleur. Je les côtoie toutes deux depuis longtemps. Si longtemps que je les considèrent désormais comme mes amies.

    Et tandis que je pense à tout cela, je me situe. Cette caverne a quelque chose d'extraordinaire. Elle fait remonter tant de choses, tant de souvenirs, sans que je m'en aperçoive. Pourtant, j'aime ce lieu. Et je me promets d'y revenir. Parce que c'est la première fois depuis bien longtemps que je suis apaisé.

    Et tandis que je foule un sol inconnu - même de mes Ancêtres - ma respiration se fait plus ample, et mes battements de cœur moins perceptibles. Oui, je suis bien. Une légère brise m'amène une odeur inconnue. Ce n'est pas celle d'une Meute, ou d'une proie. Ni celle d'un ours. Non, ce doit être celle d'un solitaire. Et je ne tarde pas à l'apercevoir.

    C'est une louve blanche. La lumière tamisée de la grotte lui donne un aspect mystérieux, mais à n'en pas douter, c'est une jolie louve. Il me semble la reconnaître. Je ne connais pas tous les loups de ces Terres, mais j'ai déjà vu cette silhouette élancée et longiligne. Khaleesi. Je ne saurai dire comment ce nom me vient, ni où j'ai rencontré cette louve, mais je suis sure de l'avoir déjà croisé. Sans pour autant lui avoir déjà parlé.

    Elle passe une patte sur son visage, rapidement, puis détourne la tête, et vient poser son regard sur Moi. Elle m'a repéré. Ses sens semblent aussi développés que les miens, car je sais me faire discret. Pourtant, lorsque mon regard croise le sien, lorsque mes yeux azurs croisent son regard bleuté, je comprends. Je comprends qu'elle souffre. Je comprends qu'elle porte, tout comme Moi, un fardeau lourd, si difficile à porter qu'il est impossible de l'oublier. Je sais.

    Je pourrai m'en aller. Détourner le regard, et faire demi-tour. Mais je ne peux pas. C'est si étrange de se retrouver ici. Pourtant, je ne parviens pas à détacher mon regard de celui de la louve. Je me vois dans ses yeux. Des loups tristes et harassés, j'en ai croisé. Mais jamais avec la même lueur dans les yeux. Le silence, si tant est qu'il puisse le faire, bourdonne à mes oreille. Mais il n'est pas pesant. Bien au contraire. C'est comme si, par un simple regard, nous échangions. Quoi ? Je ne saurai le dire. Mais ma voix est profonde lorsque je parle, sans aucune once de colère.

    « Pleurer le passé est inutile. Ce qui n'est plus ne reviendra pas. Jamais. »

    -------------------------

    « J’ai tout perdu, ou plutôt, je n’ai rien retrouvé car je suis un fruit qui pourrit de l’intérieur. Pleurer n’est peut-être pas la solution, mais je n’ai rien trouvé de plus apaisant. »

    Perdu ou non retrouvé, quelle était la différence ? Il n'y en avait aucune. Absolument aucune. Et abandonner, était-ce différent ? Peut-être. Peut-être que laisser quelque chose derrière soi était différent que de le perdre. Mais au final, lorsqu'on ne regardait que ce qu'il restait, alors l'issu était identique. Il ne restait rien. Qu'on perdre ou qu'on laisse, on se retrouver démuni. Brisé. Mort.


    Elle semblait avoir tout perdu. Ou du moins, elle n'avait pas retrouvé quelque chose. Je me demandais un instant ce que ça pouvait être, pour qu'elle soit si mal. Mais je n'eus pas a chercher bien loin. A l'évidence, elle souffrait du même mal que Moi. C'était étonnant comme une chose pouvait à la fois vous combler, et vous détruire. La Famille, c'est ce qui construit. C'est ce qui début votre Histoire. Mais c'est aussi ce qui peut parfois la ruiner, et mieux que quiconque.

    J'avais tant de choses à partager avec cette louve, tant de souvenirs. Mais en même temps, ces souvenirs étaient affreusement douloureux. Si douloureux qu'il était difficile de les supporter. Difficile de vouloir seulement rouvrir les portes du passé, avec tout ce que cela impliquait. J'avais mis des mois à les enfermer, un à un, pour tenter de les oublier. Mais je n'y étais toujours pas arrivé. Rouvrir la porte était bien trop difficile et hors de portée.

    Je ne pouvais pas me résigner à partir, mais je n'arrivai pas non plus à me convaincre de descendre jusqu'à elle. Bien que nous semblions plus proche que ce qu'il n'y paraissait vu de l'extérieur, quelques paroles n'étaient pas suffisantes à nous rapprocher. Pourtant, j'avais cette envie de partager avec elle. Si tant est qu'on puisse partager une douleur qui semblait déjà commune.

    « Il n'y a rien d'apaisant. Pas même le temps. »

    Je la dominai légèrement, d'où j'étais, assis sur un genre de rocher en amont. Me relevant soudain, je descendis lentement jusqu'à elle. Mes muscles roulaient sous ma fourrure, prometteur d'une puissance sans égale lorsque je les solliciterai. Nous étions semblable. Je n'étais pas supérieur à elle, j'étais son égal. Et me retrouver en hauteur face à elle n'était pas ce que je souhaitais. Ce n'était qu'une position, mais cela importait à mes yeux. Je vins donc m'asseoir à ses côtés. Sans forcément la regarder. Sans forcément chercher un contact avec elle. Mais, sans que je puisse l'expliquer, sa présence me rassurait. Me confortait. M'apaisait.

    « Les douleurs du passé ne guérissent jamais. Le temps ne les guérit pas, il ne fait que les rendre plus sourdes. Plus profondes. Et parfois, elles ressurgissent. C'est une blessure béante que tu ne peux guérir. Il te restera toujours une cicatrice, quoi que tu fasse. »

    Qui étais-je pour lui dire qu'elle ne guérirait jamais ? Qu'elle souffrirait de son passé pour toujours ? Personne. Je n'étais personne. Personne qui ait quelque chose à protéger ou à perdre. J'étais désormais bien indifférent à la vie, et à ce qu'elle pouvait apporter. Elle m'avait déjà tant pris qu'il lui serait impossible de tout me rendre. Parfois, la douleur se faisait moins sourde, moins lancinante. Mais je craignais ces moments, car je savais qu'elle ressurgirait de plus belle ensuite, lancinante, et qu'elle me déchirerait à nouveau. Ce fut d'une voix pleine de douleur que je murmurait, autant pour Moi que pour Khaleesi :

    « Oublier est impossible. »

     -------------------------- 

    Elle est étrange, Khaleesi. Elle semble souffrir, sans pour autant chercher à trouver la sérénité. Comme si elle ne faisait que ressasser. Comme Moi, à un moment. Peut-être sa blessure est-elle plus récente. Peut-être qu'elle n'a pas encore commencé à cicatriser, bien que ce soit difficile d'imaginer que la guérison soit possible. Pourtant, même si je ne peux deviner ce qu'elle pense, il m'est évident qu'elle n'est pas en paix avec elle-même. Comme si elle s'auto-mutilait intérieurement.

    Lorsqu'on se brise, il y a deux étapes. On commence par se déchirer soi-même, s'en vouloir, se traiter de tous les noms. Et puis on prends du recule - si tant est que ce soit possible - et on finit par se faire une raison. Parfois, il y a des choses qui nous sont impossibles. C'est terriblement difficile, et affreusement douloureux, parce qu'alors, il n'y a plus personne sur qui reporter sa colère, et peu à peu, la tristesse remplace la colère. A ce moment là, on n'est plus en colère contre personne, on est en paix avec soi-même, mais on ne souhaite plus rien. Sauf la mort. Bien sur que le temps influe. Mais il a beau s'écouler, il ne le fait jamais comme on le souhaite. Et il n'est jamais assez puissant pour tout effacer.

    « On naît pourtant bien pour mourir. N'est-ce pas? Alors si. Un jour, j'oublierais. Puisqu'un jour je ne serais plus. Plus rien. Et toi aussi. On oubliera tous. Sans exception. On ne possède pas le pouvoir de vivre indéfiniment. Et c'est surement mieux comme ça. Seulement, j'aimerais savoir la date de ma mort, pour éviter de souffrir encore plus avant le moment fatidique. »

    Non. Elle n'oubliera pas. Je n'oublierai pas non plus. Je pense que, quoi que nous fassions, nous nous souvenons. La Blessure est trop profonde pour pouvoir disparaître dans sa totalité. Disparaître. Elle semble penser que c'est ce qui advient après notre mort. Que nous disparaissons, et que tout devient néant. Je ne suis pas de son avis. J'aime à penser qu'il y a une autre vie après la mort. Une vie différente. Une vie mentale, psychique. Plus de corps à traîner, de bouche à nourrir, d'organisme à désaltérer. Juste ce qui fait que nous sommes qui nous sommes. Et j'ose espérer que, dans cette seconde vie, il n'y a plus de douleur possible. Parce qu'on retrouve tous ceux qu'on aime, sans exception, et qu'il n'y a plus de pleurs ni de larmes.

    Je ne sais que lui répondre. J'ai envie de l'aider, envie de partager avec elle, mais elle ne semble pas vouloir. Trop méfiante pour me faire confiance, peut-être. Peu importe. J'attendrai. J'attendrai le temps qu'il faudra, car j'ai l'intime conviction que nous pouvons nous aider. L'un comme l'autre. Je ne sais comment ni pourquoi, mais c'est une chose dont je suis certain. Je ne connais ni son histoire, ni ses douleurs. Je sais juste qu'elles sont semblables aux miennes. Mais cela me suffit. Ma voix est sereine quand je pose mon regard dans le sien :

    « Ce qui compte, ce n'est pas le but, c'est le chemin qu'on a parcouru pour y arriver, Khaleesi. Tu n'oublieras pas. Mais tu dois t'efforcer de faire comme si c'était le cas. Alors seulement, tu comprendras. Et je serai là. Fais-moi confiance. »

    Tout cela était peut-être trop. Trop pour elle, ou trop pour Moi. Je ne lui demandais pas de changer ses convictions parce que j'estimai que les miennes étaient meilleures. Non. C'était une façon de l'aider. Une façon de lui faire comprendre qu'elle ne pourrait rien changer, et qu'elle devait continuer à avancer, sans s’apitoyer sur elle-même.

    J'escomptai la revoir. J’espérai la revoir. Mais je ne le ferai que lorsqu'elle serai prête. J'attendrai aussi longtemps qu'il le faudrait, mais je l'aiderai. Un jour, nous parlerons. Quand elle l'aura décidé. Me relevant, je lui tournai le dos, et m'éloignai de ma démarche souple et puissante. Je lui laissai le choix. La liberté de choisir. Il ne dépendait plus que d'elle de choisir. Rester coincée entre un passé douloureux et un futur terrifiant, ou tenter d'avancer, et de se reconstruire. Je ne pouvais lui dire quel était le meilleur des choix, car je n'en savais rien. Il n'y en a sans doute pas. Mais lorsqu'on a tout perdu, et qu'il est impossible de faire marche arrière, alors les choses deviennent différentes.

    ------------------------------ «

    Alors apprends-moi. Apprends-moi à faire comme si. »

    Je m'arrête, sans pour autant me retourner. Je ne sais pas à quoi elle pense. Je ne sais pas ce qu'elle ressent. Mais je sais ce qu'elle veut. Elle veut oublier, s'en sortir, faire comme si rien n'avait jamais changé. Mais c'était impossible. Impossible d'oublier totalement. Impossible de faire comme si nous étions quelqu'un d'autre.Les secondes s'égrènent, et je ne bouge toujours pas. Il règne un silence apaisant ici. J'ai l'impression de partager des choses à travers ce silence. Parce qu'il y a des souvenirs, des sentiments, qui ne peuvent s'expliquer. Qu'on comprend par un regard, qu'on côtoie tous les jours, mais sur lesquels on ne peut pas mettre de mots.

    Alors, je me retourne doucement. Mon regard azur cherche celui de Khaleesi. C'était comme si quelque chose d'invisible nous reliait. Mais cette chose, même si elle n'était pas palpable, je savais ce qu'elle était. Une douleur, un chagrin. Une fraction de seconde de notre vie qui la bouleverse entièrement. Une fraction de seconde qui nous révolte, et qui réveille en nous la colère et l'incompréhension.

    Nous qui n'avons jamais rien fait de mal, nous qui n'avons jamais causé de tort à personne, la vie nous a déjà tout pris, alors même que nous faisions connaissance avec elle. C'était quelque chose de nouveau. Quelque chose de brillant. Quelque chose d'intense. Mais parce qu'on est parfois incapable de découvrir la réalité par soi-même, il faut que quelque chose d'autre s'en charge.

    Jadis, nous étions heureux. Comme si nous savions que rien ne basculerait jamais. Peut-être qu'au fond, inconsciemment, nous refoulions les dangers que nous savions capable de briser notre enfance. Ou peut-être que nous ne les avons jamais réellement rencontré. Au fond, quelle importance ? Je fais un pas en avant, et je redresse la tête, sans quitter la louve des yeux. Ma voix est douce, chargée de compassion. J'aurai voulu l'aider, lui alléger son fardeau. Mais j'en étais incapable. 

    « Je ne peux pas t'apprendre, Khaleesi. Il n'y a rien à apprendre.»

    Je m'arrête un instant. Je voudrais pouvoir lui faire ressentir, lui fait comprendre, mais mes mots sont maladroits. Je n'ai pourtant rien d'autre.

     « Tu n'oublieras jamais, pas plus que ta blessure ne guérira. Mais tu dois avancer. C'est difficile, mais tu n'as pas le choix. Tu ne peux revenir en arrière, et avancer te fait peur. Le Futur est terrifiant. Je le sais. Pourtant, tu y arriveras. Tu dois mettre une patte après l'autre. Garder les meilleurs souvenirs, et refouler les autres. Supporter la douleur, tenter de l'apaiser comme tu le peux, et faire avec.»

    La douleur ne devenait jamais familière. Jamais. Mais à force, le temps la rendait moins violente. Toujours aussi perçante, mais moins violente. Peut-être que le temps y était pour quelque chose, au final  

    « Le Temps n'effacera pas, mais il apaisera. La seule chose que tu puisse faire, Khaleesi, c'est avancer. Avancer en étant fière de ce que tu es. Avancer en devenant ce que tu veux être. »

     ------------------- 

    J'aurai aimé pouvoir l'aider plus encore. Mes paroles n'étaient peut-être que du vent à ses yeux. Peut-être attendait-elle une vraie solution. Mais le fait est qu'il n'y en a pas. Ou du moins, s'il y en a une, je ne l'ai pas trouvé. Et si tant est qu'il en existe une, alors je donnerai tout pour la trouver.

    Par moment, la mort me semble être la meilleure chose qui puisse m'arriver. Mais un loup ne se laisse pas mourir. Pas un loup de ma trempe. Je ne suis pas le plus puissant ni le plus fort, et je suis loin d'être le plus ambitieux, mais je ne suis pas un lâche. Je l'ai été, mais je ne le suis plus. Je n'ai abandonné Ushka que parce que c'était ma seule issue. L'instinct de survie, peut-être. Si tant est qu'on peut survivre à cela.

    Mais désormais, une seule chose m'anime. Une chose si puissante, si vibrante, que lorsque j'y pense, je ne peux m'empêche de frémir. Et même si je voudrais mettre un terme à cette chose aujourd'hui, je sais que je ne suis pas prêt. Je ne serai prêt que lorsque j'aurai pris assez de recul. C'est encore trop tôt, trop douloureux.

    « Au revoir, Arès. »

    Elle s'en va. Je n'ai pas su la réconforter. J'ai échoué. Mais ce n'est que partie remise. C'est à elle d'avancer. Je ne peux que la guider. Je ne cherche pas à la retenir, ni même à la suivre. Je ne me retourne même pas pour la suivre du regard. Je sais ce qu'elle ressent. Ce vide immense qui se creuse à chaque fois que les souvenirs refluent. Ce vide impossible à combler.

    Mais pourtant, un jour, il se tassera. Il ne cessera jamais d'exister, mais il se fera plus discret. Moins palpable. C'est à elle de tout faire pour. Moi, j'ai déjà mon fardeau à porter, ma cicatrice à apaiser. Mais elle ne sera véritablement apaisé que lorsque le tort sera réparé. Les Dieux de la Vengeance exercent en silence.

       

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  • Genre : RP

    Nom : Y entrer c'est bien, mais saurai-tu en ressortir ?

    Personnage : Arès

    Contexte : Arès rencontre Alaska, louve Heavens

       

     C'était une belle journée. Le soleil, pour une fois, était déjà haut lorsque Arès parvînt à la lisière de son domaine de chasse.Le Domaine de chasse des Hurricanes, en l’occurrence. Il comptait parmi les meilleurs de sa Meute, notamment parce qu'il effectuait ses sorties à longueur de journée. Le grand mâle passait le plus clair de son temps dehors, loin de toute compagnie. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Mais il ne supportait pas bien la compagnie. Sa blessure était encore trop récente.

    Les seules présences qu'il aurait aimé sentir à ses côtés ne reviendraient jamais. Il devrait se passer d'elles, parce que quoi qu'il advienne, il ne pourrait pas les avoir à nouveau avec lui. Les Hommes avaient déchirés le chemin qui les unissait. Alors, désormais, il voguait seul. Il estimait n'avoir besoin de personne. Ses longs mois de vie solitaire lui avaient tout appris, et il était un chasseur aguerrit autant qu'un combattant redoutable. Mais il avait rejoint les Hurricanes, mu par un instinct, et par la raison.

    Arès était assez intelligent pour savoir que, aussi loin qu'il aille, il ne trouverait rien de mieux qu'une Meute, ou la vie en Solitaire. Or, il est parfois bon de s'entourer un peu, bien que ce soit difficile. Peut-être qu'avec le temps, les Hurricanes deviendraient sa nouvelle famille. A chaque saison, les liens se resserraient, de nouveaux arrivants venaient agrandir la possibilité de liens, et des jeunes se voyaient confiés à un Mentor qui leur enseignait tout ce qu'il savait. Peut-être qu'un jour, il serait de ceux-là.

    Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, le puissant mâle avait besoin de repousser encore plus les limites. Le Territoire Hurricane, il le connaissait presque par coeur. Ce fut donc d'un pas volontaire, sans peur, qu'il passa sur un territoire inconnu. Peu importe ce qui arriverait, Arès ne craignait rien ni personne, pas même la mort. Ce serait même une douce délivrance. Alors il marcha, la tête haute, son regard azur emplie d'une lueur de tristesse qui ne le quittait jamais.

    Bien vite, il perçut le bruit d'un ruisseau ou d'une rivière. Il avait l'ouïe fine. Il continua dans cette direction, jusqu'à apercevoir le torrent. Une branche craqua sous ses pas, et il s'arrêta. Le vent charriait une odeur. Celle d'un autre loup. Il était sur le Territoire d'une autre Meute, quoi de plus normal ? Sauf que lui n'était pas censé se trouver là. Il n'avait aucun droit. Alors il resta là, sa fourrure argentée à peine dissimulée par les branches, sa carrure musclée et sa taille haute lui laissant un air imposant, tandis que sa face restait impassible. Seul son regard était posé sur la louve, une louve au pelage clair, venait de lever la tête lorsqu'elle l'avait entendu.

    -------------------------

    La louve s'étira, ne semblant pas le remarquer, jusqu’à ce qu'elle plante son regard dans celui du grand mâle, et demande :

    « Que faites-vous ici ? »

    C'était une question pertinente. Lui-même avait l'habitude de la poser, très souvent. Il y avait tellement de réponses, et en même temps si peu. Alors il se tut, pendant un long moment. Et le regard azur ne le quitta pas une seconde. Arès le soutînt, et ne baissa pas sa garde. Il ne cèderait pas. Il avait toute la patience et le cran nécessaire pour soutenir ce genre de défi implicite.

    Pourtant, c'était à lui de jouer. A lui de répondre, puisqu'elle lui avait posé une question, et qu'il n'était pas en mesure de lui en poser une autre, étant sur son Territoire. Alors il songea. Pourquoi était-il là ? Il avait suivi son instinct, sans vraiment réfléchir. Non, au fond, ce n'était asp vrai. Il avait volontairement franchi la frontière. Pourquoi ? Il n'avait pas de réponse.

    « J'ai besoin de repousser les frontières. »

    Ni plus, ni moins. C'était dit d'une voix forte, sans aucune hésitation. C'était la vérité. La seule chose qui découlait de cette réponse, c'était l'identité des frontières. Quelles étaient-elles ? Quel type de frontière ? Les Frontières de l'esprit ? Les frontières des Territoires ? Les Frontières de ses capacités ? Toutes à la fois, ou presque.

    Il n'avait pas bougé, seulement reporter son poids sur l'une ou l'autre de ses pattes. D’infimes mouvements, en somme. Comment faisaient ces loups pour ne pas se lasser. Pour se contenter des petits Territoires qu'on leur avait donné, alors qu'il y avait des Terres à perte de vue. Comment faisaient-ils pour se suffire à eux-mêmes ? Comment faisait cette louve ?

    « N'es-tu jamais lasse de ce qui t'entoure ? N'as-tu jamais ressenti le besoin d'aller plus loin, peu importe le chemin et la destination ? »

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    « Je me lasserai le jour ou j'aurai vu toutes les terres qui entourent nos frontières. La seule raison qui me pousse à ne pas aller plus loin, comme tu dis, c'est ma famille. Les Heavens. Ils ont besoin de moi comme ta meute a besoin de toi. »

    Besoin de lui ? Ce n'était pas si sur. Certes, il faisait parti des meilleurs chasseurs, mais il n'était pas irremplaçables. La plupart ne le connaissait que de vue. Peu savaient vraiment qui il était, et comment il était arrivé. Et personne ne savait son passé. Personne ne savait qu'il avait tout perdu. Parce que lui n'avait jamais voulu le dire.

    « Pourquoi es-tu venu, ici, seul, en pleine après-midi, sans but précis ? As-tu des problèmes ? »

    Leurs regard se soutinrent encore. Aucun d'eux ne vacilla. Mais ce n'était pas une lutte vicieuse et sanguinaire pour un quelconque trophée. C'était un test. Une lecture. Comme on lit dans un livre ouvert. Rien de plus. Ils n'avaient rien à gagner.

    « On a tous des problèmes. Personne n'est quitte. Il faut simplement l'admettre et le reconnaître. »

    La voix du grand mâle était posée mais profonde. Il savait de quoi il parlait. A ses yeux, aucun loup n'était parfaitement heureux. Ce n'était qu'une illusion. Lui n'avait jamais été parfaitement heureux. Ou du moins, il ne s'en souvenait pas.

    Quand il était petit, il avait été heureux. Avec Ushka, avec ses parents, avec ses comparses. Leur monde ne tournait qu'autour du jeu et de la vie de la Meute. Il n'y avait pas de guerre, pas de danger. Ils étaient innocents. Tout était parfait. Jusqu'à l'instant précis ou une fraction de seconde avait tout fait basculer. Et il avait tout perdu. Absolument tout.

    Une larme perla à ses yeux. Ses yeux d'un bleu azur profond, entraînant, où une lueur de douleur silencieuse ne s'en allait jamais. Il soutînt encore un instant le regard de la louve, puis sa douleur fut telle qu'il baissa la tête. La larme roula sur son museau, et s'écrasa sur le sol. Il avait beau tenter d'oublier, avancer avec le temps, la blessure restait affreusement douloureuse. Il ne parvenait pas à oublier. Ce fut dans un murmure qu'il ajouta :

    « C'est ma famille qui m'a tout fait quitté. J'ai parcouru plus de kilomètres que tu n'en parcourras jamais. J'ai vécu seul pendant des Mois. Et pourtant, j'ai toujours besoin de repousser les limites.»

    Arès avait relevé la tête. Le poil était encore mouillé, là où la larme avait roulé. La lueur silencieuse était encore là. Mais il avait de nouveau enfilé son masque, impassible.

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    La louve ne bouge pas. Elle écoute. Elle sait.

    « Je n'ai peut-être pas ton courage, ni même ta volonté de plomb. Je n'ai peut-être pas parcourue des kilomètres à errer seule sur ces terres. Mais pourtant, même si tu peux ne pas me croire, je te comprends. »

    Nul besoin de savoir pour comprendre. Il ne s'agissait là que d'une infime partie. Il était impossible d'avoir la globalité. Les détails. L'origine. Si chacun savait pourquoi les choses avaient lieu d'être, alors tout serait différent. Il n'y aurait plus d'ignorance. Plus de chagrins et de douleurs. Plus d'incompréhension. Mais savoir n'amène pas toujours la paix. Savoir ne veut pas dire comprendre. La compréhension du monde dans lequel on vit est une toute autre chose.

    Peut-être que l'ignorance valait mieux. Peut-être qu'il pouvait être bon, parfois, de ne pas savoir. Arès ne pouvait le dire. Il connaissait les deux. Le savoir, et l'ignorance. Il savait que ses parents étaient morts, et sa Meute décimée, comme il ignorait où était son frère. Et il n'avait pas besoin de réfléchir pour savoir lequel était le plus douloureux. Le grand mâle savait que ses parents ne reviendraient jamais. Qu'Ushka n'oublierait jamais, tout comme lui. Alors qu'il avait encore de l'Espoir pour Zarys. Celui-ci avait disparut, mais peut-être était-il comme lui. Au yeux de sa Meute, Arès avait disparut. Quitté les Terres du jour au lendemain. Mais il n'était pas mort. Pas tout à fait.

    « Tu me comprends parce que tu es différente. Il y a nous, et il y a les Autres. Eux ne connaissent pas le chagrin et la douleur, la peine et la colère. Ils ne peuvent pas comprendre. »

    Sa voix était forte, assuré. Comment comprendre quelque chose qu'on n'a jamais vécu ? La louve face à lui était sincère. Et ses paroles étaient différentes. Elle non plus n'était pas indemne.

    « Je ne sais pas qui tu es, ni quel est ton Passé. Je ne sais ce que nous adviendront. Mais je sais que tu as perdu quelque chose, toi aussi. Et que tu n'es plus tout à fait la même.»

    Arès regarda une dernière fois la louve. Elle était belle, elle lui rappelait quelque peu sa mère. Peut-être qu'il la reverrait, peut-être pas. Mais il ne l'oublierait pas. Levant la tête, il poussa un léger hurlement, mêlé de chagrin et d'espoir, puis tourna le dos à la louve, et s'enfonça à nouveau dans les fougères.

       

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