• Le mal contre le mal, Chronique d'une douce vengeance

    Genre : RP

    Nom : Le mal contre le mal, Chronique d'une douce vengeance

    Personnage : Bec d'Acier

    Contexte : Après des longs mois durant lesquels Corone s'est échappé pour se joindre au gardien, Bec d'Acier la retrouve enfin.

       

     Ses larges ailes de jais déployé, Bec d'Acier volait silencieusement. Le soleil s'étant couché depuis bien longtemps, son plumage foncé le confondait parfaitement dans le ciel. Il était seul. Et il volait avec un seul but. Accomplir une vengeance qu'il méritait depuis bien longtemps.

    Alors qu'ils patrouillaient, des soldats étaient tombés en embuscade. Seul l'un d'entre eux en était ressorti. Volant aussi vite qu'il avait pu pour échapper à ses agresseurs, il avait eut juste le temps de raconter brièvement ce qui leur était arrivé, avant de succomber à ses blessures. Bec d'Acier avait perdu quatre bons soldats dans l'affaire, mais ce qu'il avait appris valait bien plus.

    Corone était bien là où il pensait. Après l'avoir trahi et s'être échappée, elle avait fuit. Il l'avait cherché longtemps. Mais il ne l'avait jamais retrouvé. Jusqu'à ce que des rumeurs parviennent à lui. Elle était de retour. Elle avait trouvé un mâle. Alors le Grand Tyto avait envoyé ses éclaireurs plus loin encore, par delà les océans. Des garnisons, il en avait perdu. Attaquées, décimées, disparues. Mais cette fois-ci, il tenait sa vengeance.

    Laissant le commandement de son armée à son Capitaine, il s'était envolé dès qu'il avait appris la nouvelle. Et depuis, il volait. Une chouette banale aurait du s'arrêter et prendre du repos avant de continuer, mais pas lui. Presque aussi grand que les hagsmons eux-mêmes, Bec d'Acier était le plus puissant de son armée. Peut-être même du Sud. Son envergure exceptionnelle et ses prouesses en combat avaient fait de lui le Maître incontesté et craint de tous.

    Bientôt, l'immense Glacier du Hrath'Gar se dévoila. C'était ici que Corone avait été aperçut. Ici qu'elle se cachait. En d'autre circonstance, Bec d'Acier aurait envoyé plus de patrouilles pour découvrir la raison du rassemblement des Hagsmons ici, mais pas cette fois. La haine et la rancune qu'il avait contre Corone brouillaient son jugement, et il ne songea pas aux conséquences que pourrait avoir sa viré nocturne.

    Mais il ne craignait rien ni personne. Plus que quiconque, il était apte à combattre et à vaincre des Hagsmons, bien qu'ils soit plus gros que lui. Son orgueil n'avait d'égale que sa puissance. Il mourrait d'envie de plonger ses serres dans le gésier de Corone. Et personne ne l'empêcherait, pas même son mâle. Pauvre hagsmon insignifiant.

    Se posant au sommet du glacier, il scruta l'obscurité environnante. Il ne savait pas où était Corone, mais il attendrait autant de temps qu'il le faudrait. La nuit était silencieuse. Ou presque. Un léger bruit le fit frémir. Des piaillements. Ainsi c'était cela. Nul doute que les créatures qui poussaient ces affreux hululements étaient les petits de sa rivale.

    Un sourire carnassier - si tant est qu'il puisse sourire - se dessina sur le Bec du Grand Tyto. Déployant de nouveau se larges ailes, il s'envola puissamment mais silencieusement, et se laissa planer. Quand il eut trouvé l'origine du bruit, il replia ses ailes, et se laissa tomber en piquet, jusqu'à une faille dans le glacier, dans laquelle il s'engouffra.

    Il s'attendait à y trouver Corone. Pourtant elle n'y était pas. La lueur assassine qui traversa alors ses yeux aurait effrayé bien des chouettes. Si elle n'était pas là, c'est qu'elle ne s'attendait pas à le trouver. Comme il avait hâte qu'elle arrive. Il savourait déjà l'instant. Il allait avoir sa vengeance. Et il se servirait largement.

    S'approchant des petits, ses serres cliquetèrent, laissant de légers sillons dans la glace. Lorsqu'ils le virent, les petits se turent. Bec d'Acier n'aurait su dire quel âge ils avaient, mais ils semblaient avoir conscience du danger. Ils se serrèrent les uns contre les autres, frémissant.

    Un courant d'air s'engouffra alors dans la faille, suivit d'un léger bruit de serre. Elle arrivait enfin. Il y eut un instant de silence. Immobile, Bec d'Acier attendit, tapis dans l'ombre. Puis, avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit, le Grand Tyto se retourna lentement, l'une de ses serres refermée autour d'une masse de plume. Quand il vit sa mère, le petit piailla et s'agita, mais les puissantes serres le gardèrent immobile sans difficulté. Une lueur carnassière dans les yeux, Bec d'Acier savoura l'instant.

    « Je t'attendais, Corone. Tu m'as presque fait attendre. »

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    Il Jubilait. Elle était affalé, en larme. Quel guerrier digne de ce nom se serait abaissé à tant de pitié et de peur ? Aucun. Corone n'était qu'une lâche. Elle l'avait toujours été. A jouer la rebelle, elle s'était effrité depuis qu'elle avait quitté les Sang-Purs. Parce qu'elle n'était pas à la hauteur.

    « Pitié, mes petits sont innocents. Tu es venu pour moi, et tu m'as trouvé. Je t'offre ma vie en échange de celle de la leur, tu peux profiter de ta vengeance comme bon te semble... mais épargne mes petits, ils ne t'ont rien fait. »

    Bec d'Acier ricana. Il aimait ce sentiment de puissance qui l'animait. Parce qu'il était le Maître incontesté de la situation, et que rien ne le déferait de cette position. Il était en mesure de tuer tout le monde. D’anéantir quatre Hagsmons en quelques instants, le tout dans la plus grande discrétion. Il avait là l'occasion de laisser trace de sa puissance. De rappeler qu'aucune trahison ne restait impunie.

    Le Malheureux poussin dans sa serre, le Grand Tyto sorti de l'ombre, ses serres aiguisée cliquetant sur le sol gelé. Il s'approcha de Corone, le regard Carnassier, et parla de sa voix grave et puissante, mêlé à une sonorité qui laissait deviner la satisfaction de bec d'Acier.

    « Voyons Corone, pourquoi te mettre dans des tels états ? Crains-tu que je fasse mal à ton petit ? Aurais-tu peur que je...»

    Portant son regard sur la boule de plume noire, il lui caressa un instant le ventre avec l'une de se serres, puis, d'un geste vif, érafla la peau. Le petit se trémoussa en piaillant de douleur. La blessure était loin d'être grave, mais elle devait être douloureuse.

    « Quel maladroit je fais...»

    Abandonnant son ton faussement compatissant, il reprit sa voix habituel, et continua :

    « Sincèrement, Corone, crois-tu que je sois venu pour te tuer ? Oh, certes, c'était mon objectif initial, mais désormais que j'ai trouvé ces petites sangsues, pourquoi ne pas en profiter ? Je n'ai pas mangé depuis longtemps, et le voyage m'a affamé...Sache, Corone, que la trahison de mes soldats ne reste jamais impunie. Jamais. »

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    Une lueur carnassière était empreinte dans les yeux du Grand Tyto, car plus que toutes les autres, cette situation lui montrait à quel point il était Maître. A quel point il était important. Oh, certes, il n'était pas le seul digne d'attention, pas le seul à avoir un brillant passé et de nombreuses victoires à son actif, mais il était le seul réellement en mesure de tout contrôler. Parce qu'il ne se laissait pas aller à la pitié et à la compassion. Il traitait tous ses sujets avec le même traitement. Personne n'avait droit à des faveurs. Seuls les haut-gradés avaient une seconde chance, mais cette chance, ils l'avaient acquises en se démarquant des autres. C'était ainsi que tout fonctionnait. Plus on était utile, plus on avait une chance de rester en vie.

    Soudain, Bec d'Acier avisa quelque chose en mouvement à la limite de son champs de vision. Un petit, terrorisé, tentait de rejoindre sa mère. Il en fallait, du courage,pour oser braver une chouette qui réduisait sa mère à l'effondrement. Mais on pouvait être courageux et stupide à la fois. Croyait-il réellement avoir une chance de passer ? Tout cela se passa en une fraction de seconde, mais juste avant que le petit réussisse à passer, le Grand Tyto déploya brutalement son aile, arrêtant net la progression de ce dernier, et le plaqua contre le mur. Posant son regard sur lui, il se pencha légèrement, et chuchota d'une voix faussement compatissante :

    « Stupide ou Courageux ? Tu croyais que je ne te verrai pas ? Et bien tu as perdu... »

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    Il n'y a de justice que là où il y a êtres justes. Et Bec d'Acier ne faisait pas parti de cela. Sa vie entière était basée sur une injustice. Les meurtres, les disparitions qu'il avait causé, tout ce qui découlait de lui était une injustice. Mais il ne cesserait pas. Il avait bâti un trop bel Empire pour s'arrêter ici. A ses yeux, un juste n'était qu'un oiseau trop faible pour oser se rebeller. Mais lui n'était pas faible. Et il n'était pas terrifié à l'idée de devoir affronter des ennemis à sa mesure.

    Il faisait parti des Sang-Purs - et des chouettes en générale - taillés comme des machines de guerre. Puissant, tout en muscle, rapide. Comme un deuxième instinct. Il ne lui suffisait que d'une fraction de second pour changer de stratégie ou de technique. Ainsi, lorsque Corone lui rentra dedans, et lui enserra la patte de son bec acéré, le grand mâle ne prêta même pas attention à la douleur, ni au sang qui se mit à couler. Mais il ne lâcha pas pour autant. Et tandis qu'elle hurlait à son petit - désormais hors de portée de l'aile du Grand Tyto - de courir, un rictus déchira sa face.

    Elle avait espéré. Un instant, Corone avait cru pouvoir réussir, et sauver ses petits, mais elle s'était trompée. Et elle en payerait le prix fort. Bec d'Acier ne se précipita pas à la suite du petit, qui s'éloignait en voletant. Il était bien trop lent, et le Sang-Pur n'aurait aucun mal à le rattraper. Il préférait se concentrer sur Corone. Plus il ferait de dégâts, mieux il se sentirait. La repoussant violemment, il la plaqua contre le mur. Elle était aussi grande que lui, et il devait lui reconnaître un certain courage, et une certaine aptitude à se démener. Approchant sa face de celle de la Hagsmonne, il chuchota :

    « Je dois te reconnaître un certain courage, Corone, mais tu n'aurai jamais fais un bon soldat. Tu ne réfléchis pas assez. Tu n'es pas assez détachée de ce qui te tiens...»

    Lui n'aimait rien ni personne d'autre que lui, et Nyra. Mais sa compagne était assez grande pour se débrouiller seule, et si tant est qu'elle devait y rester, lui n'y perdrait pas grand chose. Il était le Maître incontesté de son Empire, et seule la mort viendrait l'en détrôner. Il n'avait besoin de personne pour maintenir à flot sa puissance.

    Se redressant, il plaça sous les yeux de Corone le petit qu'il tenait toujours dans sa serre, et ajouta d'un ton faussement compatissant :

    «...mais je vais t'aider à t'en détacher, ne t'inquiètes pas. »

    Et tandis qu'une lueur carnassière s'installait dans son regard, il resserra petit à petit sa prise sur sa proie. Le petit hagsmon se mit à piailler, tentant de se soustraire à cette pression douloureuse et inconfortable. Le Grand Tyto s'arrêta un instant, faisant profite Corone des gémissements de son petit, puis, d'un coup vif, il crocheta la peau de la boule de plume, et entailla largement le cou de ce dernier. Le sang se mit à couler à flot, sans aucune chance de rétablissement.

    Et tandis que le sol se ternissait du liquide sombre, présage de mort imminente, Bec d'Acier lâcha dédaigneusement le petit corps encore frémissant, et, se penchant de nouveau vers sa rivale, lui chuchota - cette fois-ci sans plus aucun compassion ni moquerie :

    « Tu as voulu jouer, mais tu as perdu, Corone. Sache que je gagne toujours.»

    Se redressant, il relâcha la pression qui avait maintenu la hagsmonne plaquée contre le mur, et quitta la grotte, en adressant un dernier regard dénudé de pitié :

    « Toujours..»

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    Un cri s'éleva de la grotte quand la Hagsmonne compris le nouveau danger qui attendait ses enfants. Ou plutôt, l'un de ses enfants. Car si l'un était définitivement en sureté - Bec d'Acier ne retournerait pas le chercher, il était bien trop insignifiant - l'autre était sur son chemin. Et le Grand Tyto avait bien l'intention de le saisir au passage. Pourquoi ? Parce que plus qu'un simple crime, c'était une vengeance diabolique qui venait de se dessiner dans son esprit. Une vengeance si cruelle que Corone ne pourrait même pas l'envisager.

    Prince n'était pas simplement le fils de sa rivale, il était aussi l'Aîné. Autant dire qu'il était promis à un bel avenir à la suite de Maddison. Or, en le faisant disparaître, Bec d'Acier faisait d'une pierre deux coups. Il finissait d'achever Corone, et il enlevait l'héritier légitime des Hagsmons. Mais ce n'était pas là son but, tout cela ne représentait qu'une infime partie de son plan. Un sourire carnassier se dessina peu à peu sur sa face mutilée. Corone comprendrait son erreur. Simplement, ce serait trop tard.

    La nuit étant totalement tombée, son plumage de Jais se confondait parfaitement, bien que celui de Prince le soit aussi. Mais cela n'avait pas d'importance. Il n'était pas chez des Sang-Purs pour rien, son sens de l'observation et ses capacités l'ayant mené au plus haut point en écartant sans peine de son chemin ceux qui l'avait gêné. Et désormais, ses yeux perçant cherchaient la petite boule de plume qui représentait tout l'objet de sa vengeance. Petit Boule de plume qui devait être terrifiée à l'idée de le revoir, mais qui le serait encore plus qu'elle ne pouvait actuellement l'imaginer.

    Le Grand Tyto se laissa planer silencieusement, dans un vol circulaire. Il ne battait pas des ailes, ayant pour seul but de découvrir où se terrait l'Aîné de la Hagsmonne. Et bientôt, un infime changement de courant - témoin d'un petit battement d'aile - se fit sentir. Sans plus hésiter, Bec d'Acier replia ses ailes, et plongea, certain de trouver sa cible quelques mètres au dessous de lui. Cela ne manqua pas. Il avisa Prince, qui ne semblait pas encore l'avoir vu. Pourtant, la vitesse de son vol en piqué du provoquer une bourrasque car le petit hag tourna la tête, et trembla de terreur l'orsqu'il avisa la chouette qui lui tombait dessus.

    Mais, même avec toute la volonté du monde, il ne pouvait échapper au Grand Tyto, et à sa sauvagerie implacable. Même les Tytos les plus doués tombaient sous ses serres, alors comment un jeun hag encore novice pouvait-il s'en sortir ? Il ne pouvait pas. C'était ainsi. Et une fraction de seconde plus tard, les serres métalliques du Sang-Purs se refermèrent autour du corps duveteux, le saisissant au vol. Mais il n'allait pas le tuer, loin de là. Au contraire, Prince lui était précieusement utile en restant en vie.

    Alors, tandis que le petit piaillait, tentant de gesticuler, et appelant sa mère de tout son corps, Bec d'Acier pris lentement son envol vers les hauteur. Les gémissement terrifiés de son captif auraient brisé plus d'un cœur, mais pas le sien. Le sien était insensible, gelé. Alors, ses larges ailes déployées, il s'éloigna peu à peu de la grotte de Corone, emportant avec lui l'héritage de toute une vie. Nul doute que sa plus redoutable rivale reverrait son fils. Mais ce jour-là serait son dernier.


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