• Y entrer c'est bien, mais saurai-tu en ressortir ?

    Genre : RP

    Nom : Y entrer c'est bien, mais saurai-tu en ressortir ?

    Personnage : Arès

    Contexte : Arès rencontre Alaska, louve Heavens

       

     C'était une belle journée. Le soleil, pour une fois, était déjà haut lorsque Arès parvînt à la lisière de son domaine de chasse.Le Domaine de chasse des Hurricanes, en l’occurrence. Il comptait parmi les meilleurs de sa Meute, notamment parce qu'il effectuait ses sorties à longueur de journée. Le grand mâle passait le plus clair de son temps dehors, loin de toute compagnie. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Mais il ne supportait pas bien la compagnie. Sa blessure était encore trop récente.

    Les seules présences qu'il aurait aimé sentir à ses côtés ne reviendraient jamais. Il devrait se passer d'elles, parce que quoi qu'il advienne, il ne pourrait pas les avoir à nouveau avec lui. Les Hommes avaient déchirés le chemin qui les unissait. Alors, désormais, il voguait seul. Il estimait n'avoir besoin de personne. Ses longs mois de vie solitaire lui avaient tout appris, et il était un chasseur aguerrit autant qu'un combattant redoutable. Mais il avait rejoint les Hurricanes, mu par un instinct, et par la raison.

    Arès était assez intelligent pour savoir que, aussi loin qu'il aille, il ne trouverait rien de mieux qu'une Meute, ou la vie en Solitaire. Or, il est parfois bon de s'entourer un peu, bien que ce soit difficile. Peut-être qu'avec le temps, les Hurricanes deviendraient sa nouvelle famille. A chaque saison, les liens se resserraient, de nouveaux arrivants venaient agrandir la possibilité de liens, et des jeunes se voyaient confiés à un Mentor qui leur enseignait tout ce qu'il savait. Peut-être qu'un jour, il serait de ceux-là.

    Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, le puissant mâle avait besoin de repousser encore plus les limites. Le Territoire Hurricane, il le connaissait presque par coeur. Ce fut donc d'un pas volontaire, sans peur, qu'il passa sur un territoire inconnu. Peu importe ce qui arriverait, Arès ne craignait rien ni personne, pas même la mort. Ce serait même une douce délivrance. Alors il marcha, la tête haute, son regard azur emplie d'une lueur de tristesse qui ne le quittait jamais.

    Bien vite, il perçut le bruit d'un ruisseau ou d'une rivière. Il avait l'ouïe fine. Il continua dans cette direction, jusqu'à apercevoir le torrent. Une branche craqua sous ses pas, et il s'arrêta. Le vent charriait une odeur. Celle d'un autre loup. Il était sur le Territoire d'une autre Meute, quoi de plus normal ? Sauf que lui n'était pas censé se trouver là. Il n'avait aucun droit. Alors il resta là, sa fourrure argentée à peine dissimulée par les branches, sa carrure musclée et sa taille haute lui laissant un air imposant, tandis que sa face restait impassible. Seul son regard était posé sur la louve, une louve au pelage clair, venait de lever la tête lorsqu'elle l'avait entendu.

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    La louve s'étira, ne semblant pas le remarquer, jusqu’à ce qu'elle plante son regard dans celui du grand mâle, et demande :

    « Que faites-vous ici ? »

    C'était une question pertinente. Lui-même avait l'habitude de la poser, très souvent. Il y avait tellement de réponses, et en même temps si peu. Alors il se tut, pendant un long moment. Et le regard azur ne le quitta pas une seconde. Arès le soutînt, et ne baissa pas sa garde. Il ne cèderait pas. Il avait toute la patience et le cran nécessaire pour soutenir ce genre de défi implicite.

    Pourtant, c'était à lui de jouer. A lui de répondre, puisqu'elle lui avait posé une question, et qu'il n'était pas en mesure de lui en poser une autre, étant sur son Territoire. Alors il songea. Pourquoi était-il là ? Il avait suivi son instinct, sans vraiment réfléchir. Non, au fond, ce n'était asp vrai. Il avait volontairement franchi la frontière. Pourquoi ? Il n'avait pas de réponse.

    « J'ai besoin de repousser les frontières. »

    Ni plus, ni moins. C'était dit d'une voix forte, sans aucune hésitation. C'était la vérité. La seule chose qui découlait de cette réponse, c'était l'identité des frontières. Quelles étaient-elles ? Quel type de frontière ? Les Frontières de l'esprit ? Les frontières des Territoires ? Les Frontières de ses capacités ? Toutes à la fois, ou presque.

    Il n'avait pas bougé, seulement reporter son poids sur l'une ou l'autre de ses pattes. D’infimes mouvements, en somme. Comment faisaient ces loups pour ne pas se lasser. Pour se contenter des petits Territoires qu'on leur avait donné, alors qu'il y avait des Terres à perte de vue. Comment faisaient-ils pour se suffire à eux-mêmes ? Comment faisait cette louve ?

    « N'es-tu jamais lasse de ce qui t'entoure ? N'as-tu jamais ressenti le besoin d'aller plus loin, peu importe le chemin et la destination ? »

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    « Je me lasserai le jour ou j'aurai vu toutes les terres qui entourent nos frontières. La seule raison qui me pousse à ne pas aller plus loin, comme tu dis, c'est ma famille. Les Heavens. Ils ont besoin de moi comme ta meute a besoin de toi. »

    Besoin de lui ? Ce n'était pas si sur. Certes, il faisait parti des meilleurs chasseurs, mais il n'était pas irremplaçables. La plupart ne le connaissait que de vue. Peu savaient vraiment qui il était, et comment il était arrivé. Et personne ne savait son passé. Personne ne savait qu'il avait tout perdu. Parce que lui n'avait jamais voulu le dire.

    « Pourquoi es-tu venu, ici, seul, en pleine après-midi, sans but précis ? As-tu des problèmes ? »

    Leurs regard se soutinrent encore. Aucun d'eux ne vacilla. Mais ce n'était pas une lutte vicieuse et sanguinaire pour un quelconque trophée. C'était un test. Une lecture. Comme on lit dans un livre ouvert. Rien de plus. Ils n'avaient rien à gagner.

    « On a tous des problèmes. Personne n'est quitte. Il faut simplement l'admettre et le reconnaître. »

    La voix du grand mâle était posée mais profonde. Il savait de quoi il parlait. A ses yeux, aucun loup n'était parfaitement heureux. Ce n'était qu'une illusion. Lui n'avait jamais été parfaitement heureux. Ou du moins, il ne s'en souvenait pas.

    Quand il était petit, il avait été heureux. Avec Ushka, avec ses parents, avec ses comparses. Leur monde ne tournait qu'autour du jeu et de la vie de la Meute. Il n'y avait pas de guerre, pas de danger. Ils étaient innocents. Tout était parfait. Jusqu'à l'instant précis ou une fraction de seconde avait tout fait basculer. Et il avait tout perdu. Absolument tout.

    Une larme perla à ses yeux. Ses yeux d'un bleu azur profond, entraînant, où une lueur de douleur silencieuse ne s'en allait jamais. Il soutînt encore un instant le regard de la louve, puis sa douleur fut telle qu'il baissa la tête. La larme roula sur son museau, et s'écrasa sur le sol. Il avait beau tenter d'oublier, avancer avec le temps, la blessure restait affreusement douloureuse. Il ne parvenait pas à oublier. Ce fut dans un murmure qu'il ajouta :

    « C'est ma famille qui m'a tout fait quitté. J'ai parcouru plus de kilomètres que tu n'en parcourras jamais. J'ai vécu seul pendant des Mois. Et pourtant, j'ai toujours besoin de repousser les limites.»

    Arès avait relevé la tête. Le poil était encore mouillé, là où la larme avait roulé. La lueur silencieuse était encore là. Mais il avait de nouveau enfilé son masque, impassible.

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    La louve ne bouge pas. Elle écoute. Elle sait.

    « Je n'ai peut-être pas ton courage, ni même ta volonté de plomb. Je n'ai peut-être pas parcourue des kilomètres à errer seule sur ces terres. Mais pourtant, même si tu peux ne pas me croire, je te comprends. »

    Nul besoin de savoir pour comprendre. Il ne s'agissait là que d'une infime partie. Il était impossible d'avoir la globalité. Les détails. L'origine. Si chacun savait pourquoi les choses avaient lieu d'être, alors tout serait différent. Il n'y aurait plus d'ignorance. Plus de chagrins et de douleurs. Plus d'incompréhension. Mais savoir n'amène pas toujours la paix. Savoir ne veut pas dire comprendre. La compréhension du monde dans lequel on vit est une toute autre chose.

    Peut-être que l'ignorance valait mieux. Peut-être qu'il pouvait être bon, parfois, de ne pas savoir. Arès ne pouvait le dire. Il connaissait les deux. Le savoir, et l'ignorance. Il savait que ses parents étaient morts, et sa Meute décimée, comme il ignorait où était son frère. Et il n'avait pas besoin de réfléchir pour savoir lequel était le plus douloureux. Le grand mâle savait que ses parents ne reviendraient jamais. Qu'Ushka n'oublierait jamais, tout comme lui. Alors qu'il avait encore de l'Espoir pour Zarys. Celui-ci avait disparut, mais peut-être était-il comme lui. Au yeux de sa Meute, Arès avait disparut. Quitté les Terres du jour au lendemain. Mais il n'était pas mort. Pas tout à fait.

    « Tu me comprends parce que tu es différente. Il y a nous, et il y a les Autres. Eux ne connaissent pas le chagrin et la douleur, la peine et la colère. Ils ne peuvent pas comprendre. »

    Sa voix était forte, assuré. Comment comprendre quelque chose qu'on n'a jamais vécu ? La louve face à lui était sincère. Et ses paroles étaient différentes. Elle non plus n'était pas indemne.

    « Je ne sais pas qui tu es, ni quel est ton Passé. Je ne sais ce que nous adviendront. Mais je sais que tu as perdu quelque chose, toi aussi. Et que tu n'es plus tout à fait la même.»

    Arès regarda une dernière fois la louve. Elle était belle, elle lui rappelait quelque peu sa mère. Peut-être qu'il la reverrait, peut-être pas. Mais il ne l'oublierait pas. Levant la tête, il poussa un léger hurlement, mêlé de chagrin et d'espoir, puis tourna le dos à la louve, et s'enfonça à nouveau dans les fougères.

       

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