• « Le Passé prend Racine dans l'Avenir »

    Genre : RP

    Nom : « Le Passé prend Racine dans l'Avenir »

    Personnage : Arès

    Contexte : Arès rencontre Khaleesi dans l'Antre de Godness

       

     

    Je ne suis pas sur de vouloir rentrer. Il y a quelque chose d'étonnant dans cette grotte, quelque chose de spécial, qui me fait hésiter. Je ne saurai dire ce que c'est, mais je le ressens. Comme s'il je n'étais pas seul. Pourtant, je suis certain qu'il n'y a pas d'autre loup ici. Je suis un chasseur expérimenté, et mon odorat ne me trompe jamais. Ou presque.

    Postée à l'entrée de la grotte, ma silhouette musclée et ma grande taille empêchent la lumière de pénétrer à l'intérieur de la caverne, si bien qu'il fait sombre au milieu de la roche. Mais cela ne m'inquiète pas. Au contraire. J'aime l'obscurité et la tranquillité qu'elle amène. C'est ce qui me pousse à entrer. Une patte après l'autre, j'entre dans la grotte.

    Je ne suis pas en colère. Pas triste non plus. Je suis serein, et c'est un bien étrange sentiment qui s'empare de moi. Je n'ai pas pour habitude d'avoir l'Esprit en Paix. Cela fait bien longtemps que je souffre de mon passé, et la blessure béante ne s'est toujours pas refermée. Mais en ce lieu, je suis apaisé. Comme si mon fardeau m'avait été enlevé pour un temps.

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    C'est étrange comme la disposition d'un lieu a la capacité de vous changer. Profondément. Étrange aussi de ne pouvoir l'expliquer. Il y a beaucoup de choses que nous autres, loups vivant sur ces Terres depuis des années, nous étions résigné à ne pas comprendre. La pluie et le soleil. Le Jour et la Nuit. Mais il y a des choses que nous pouvons expliquer. Pourquoi le lapin fuit lorsqu'il voit un prédateur. Pourquoi les petits ne doivent pas rester seul. Nous avons une parfaite connaissance de notre monde. Du moins, c'est ce que nous aimons à penser.

    Mais je doutai que ce fut réellement la réalité. Les plus ambitieux d'entre nous estiment que les choses ne dépendent presque que d'eux, et que chaque acte est le fruit d'une décision. Mais, à mes yeux, c'est une erreur. Parce que si telle est la vérité, alors bien des choses seraient différente. Il n'y aurait plus de loups mutilés, plus d'orphelins. Plus de tempêtes, ni d'incendies. Or, nous avons beau nous escrimer à essayer d'endiguer tout cela, nous ne pouvons nous voiler la face. Nous ne sommes que des pantins.

    Pourquoi cela ? Parce qu'il est des gestes qu'aucun loup n'est capable d'expliquer, pas même lorsque que c'est lui qui les réalise. Parce qu'il existe des phénomènes qui restent extraordinaires ou mystérieux. Parce que nous ne sommes pas immortels. Si nous étions les Maîtres, alors j'aurai pu protéger ma Famille. Ysmir et Artémis ne seraient pas mort. Zarys et Ushka seraient à mes côtés. Et je ne serais pas ici.

    Petit, j'aimais à penser qu'il y avait des entités bien plus puissantes que nous pour nous protéger. Nous les appelions les Ancêtres, eux qui avaient foulé les mêmes terres que nous, des générations auparavant. Eux qui pouvaient éloigner ce lynx lorsque nous étions trop jeunes et inconscient pour comprendre le danger. Mais j'avais abandonné cette idée il y a bien longtemps. Comme tout le reste de ma vie.

    Si les Ancêtres s'intéressaient vraiment à nous, et cherchaient à nous protéger, pourquoi causer tant de souffrances ? Pourquoi laisser faire de tels carnages ? Je n'avais jamais trouvé de réponse. Je n'étais pas quelqu'un d’orgueilleux de nature, mais face à cette question restée sans réponse, je m'étais fais à l'idée que les Ancêtres ne nous protégeaient pas. Nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. Et sur personne d'autre. Certains croient au Destin tout tracé, à la voie pavé d'or qui les attends, ou au contraire, aux ravins qu'ils doivent franchir. Mais je pense qu'ils se bernent.

    Rien n'est jamais déterminé, rien n'est jamais sur. Chaque page de notre Histoire nous appartient. C'est à nous d'écrire nos mots, notre aventure. Chacun est maître de son Destin. Et quand bien même certains évènements ne dépendent pas de nous, les choix qui en découlent, ceux que nous faisons en toute connaissance de causes, ces choix là tracent notre destiné.

    C'est ainsi que je me représente la vie. Une succession de choix, de décisions. Et lorsque nous nous trompons, il n'y a pas de retour possible. Lorsqu'on craint la mort, l'erreur est terrifiante. Elle nous tétanise. Mais je ne crains pas la mort, pas plus que la douleur. Je les côtoie toutes deux depuis longtemps. Si longtemps que je les considèrent désormais comme mes amies.

    Et tandis que je pense à tout cela, je me situe. Cette caverne a quelque chose d'extraordinaire. Elle fait remonter tant de choses, tant de souvenirs, sans que je m'en aperçoive. Pourtant, j'aime ce lieu. Et je me promets d'y revenir. Parce que c'est la première fois depuis bien longtemps que je suis apaisé.

    Et tandis que je foule un sol inconnu - même de mes Ancêtres - ma respiration se fait plus ample, et mes battements de cœur moins perceptibles. Oui, je suis bien. Une légère brise m'amène une odeur inconnue. Ce n'est pas celle d'une Meute, ou d'une proie. Ni celle d'un ours. Non, ce doit être celle d'un solitaire. Et je ne tarde pas à l'apercevoir.

    C'est une louve blanche. La lumière tamisée de la grotte lui donne un aspect mystérieux, mais à n'en pas douter, c'est une jolie louve. Il me semble la reconnaître. Je ne connais pas tous les loups de ces Terres, mais j'ai déjà vu cette silhouette élancée et longiligne. Khaleesi. Je ne saurai dire comment ce nom me vient, ni où j'ai rencontré cette louve, mais je suis sure de l'avoir déjà croisé. Sans pour autant lui avoir déjà parlé.

    Elle passe une patte sur son visage, rapidement, puis détourne la tête, et vient poser son regard sur Moi. Elle m'a repéré. Ses sens semblent aussi développés que les miens, car je sais me faire discret. Pourtant, lorsque mon regard croise le sien, lorsque mes yeux azurs croisent son regard bleuté, je comprends. Je comprends qu'elle souffre. Je comprends qu'elle porte, tout comme Moi, un fardeau lourd, si difficile à porter qu'il est impossible de l'oublier. Je sais.

    Je pourrai m'en aller. Détourner le regard, et faire demi-tour. Mais je ne peux pas. C'est si étrange de se retrouver ici. Pourtant, je ne parviens pas à détacher mon regard de celui de la louve. Je me vois dans ses yeux. Des loups tristes et harassés, j'en ai croisé. Mais jamais avec la même lueur dans les yeux. Le silence, si tant est qu'il puisse le faire, bourdonne à mes oreille. Mais il n'est pas pesant. Bien au contraire. C'est comme si, par un simple regard, nous échangions. Quoi ? Je ne saurai le dire. Mais ma voix est profonde lorsque je parle, sans aucune once de colère.

    « Pleurer le passé est inutile. Ce qui n'est plus ne reviendra pas. Jamais. »

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    « J’ai tout perdu, ou plutôt, je n’ai rien retrouvé car je suis un fruit qui pourrit de l’intérieur. Pleurer n’est peut-être pas la solution, mais je n’ai rien trouvé de plus apaisant. »

    Perdu ou non retrouvé, quelle était la différence ? Il n'y en avait aucune. Absolument aucune. Et abandonner, était-ce différent ? Peut-être. Peut-être que laisser quelque chose derrière soi était différent que de le perdre. Mais au final, lorsqu'on ne regardait que ce qu'il restait, alors l'issu était identique. Il ne restait rien. Qu'on perdre ou qu'on laisse, on se retrouver démuni. Brisé. Mort.


    Elle semblait avoir tout perdu. Ou du moins, elle n'avait pas retrouvé quelque chose. Je me demandais un instant ce que ça pouvait être, pour qu'elle soit si mal. Mais je n'eus pas a chercher bien loin. A l'évidence, elle souffrait du même mal que Moi. C'était étonnant comme une chose pouvait à la fois vous combler, et vous détruire. La Famille, c'est ce qui construit. C'est ce qui début votre Histoire. Mais c'est aussi ce qui peut parfois la ruiner, et mieux que quiconque.

    J'avais tant de choses à partager avec cette louve, tant de souvenirs. Mais en même temps, ces souvenirs étaient affreusement douloureux. Si douloureux qu'il était difficile de les supporter. Difficile de vouloir seulement rouvrir les portes du passé, avec tout ce que cela impliquait. J'avais mis des mois à les enfermer, un à un, pour tenter de les oublier. Mais je n'y étais toujours pas arrivé. Rouvrir la porte était bien trop difficile et hors de portée.

    Je ne pouvais pas me résigner à partir, mais je n'arrivai pas non plus à me convaincre de descendre jusqu'à elle. Bien que nous semblions plus proche que ce qu'il n'y paraissait vu de l'extérieur, quelques paroles n'étaient pas suffisantes à nous rapprocher. Pourtant, j'avais cette envie de partager avec elle. Si tant est qu'on puisse partager une douleur qui semblait déjà commune.

    « Il n'y a rien d'apaisant. Pas même le temps. »

    Je la dominai légèrement, d'où j'étais, assis sur un genre de rocher en amont. Me relevant soudain, je descendis lentement jusqu'à elle. Mes muscles roulaient sous ma fourrure, prometteur d'une puissance sans égale lorsque je les solliciterai. Nous étions semblable. Je n'étais pas supérieur à elle, j'étais son égal. Et me retrouver en hauteur face à elle n'était pas ce que je souhaitais. Ce n'était qu'une position, mais cela importait à mes yeux. Je vins donc m'asseoir à ses côtés. Sans forcément la regarder. Sans forcément chercher un contact avec elle. Mais, sans que je puisse l'expliquer, sa présence me rassurait. Me confortait. M'apaisait.

    « Les douleurs du passé ne guérissent jamais. Le temps ne les guérit pas, il ne fait que les rendre plus sourdes. Plus profondes. Et parfois, elles ressurgissent. C'est une blessure béante que tu ne peux guérir. Il te restera toujours une cicatrice, quoi que tu fasse. »

    Qui étais-je pour lui dire qu'elle ne guérirait jamais ? Qu'elle souffrirait de son passé pour toujours ? Personne. Je n'étais personne. Personne qui ait quelque chose à protéger ou à perdre. J'étais désormais bien indifférent à la vie, et à ce qu'elle pouvait apporter. Elle m'avait déjà tant pris qu'il lui serait impossible de tout me rendre. Parfois, la douleur se faisait moins sourde, moins lancinante. Mais je craignais ces moments, car je savais qu'elle ressurgirait de plus belle ensuite, lancinante, et qu'elle me déchirerait à nouveau. Ce fut d'une voix pleine de douleur que je murmurait, autant pour Moi que pour Khaleesi :

    « Oublier est impossible. »

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    Elle est étrange, Khaleesi. Elle semble souffrir, sans pour autant chercher à trouver la sérénité. Comme si elle ne faisait que ressasser. Comme Moi, à un moment. Peut-être sa blessure est-elle plus récente. Peut-être qu'elle n'a pas encore commencé à cicatriser, bien que ce soit difficile d'imaginer que la guérison soit possible. Pourtant, même si je ne peux deviner ce qu'elle pense, il m'est évident qu'elle n'est pas en paix avec elle-même. Comme si elle s'auto-mutilait intérieurement.

    Lorsqu'on se brise, il y a deux étapes. On commence par se déchirer soi-même, s'en vouloir, se traiter de tous les noms. Et puis on prends du recule - si tant est que ce soit possible - et on finit par se faire une raison. Parfois, il y a des choses qui nous sont impossibles. C'est terriblement difficile, et affreusement douloureux, parce qu'alors, il n'y a plus personne sur qui reporter sa colère, et peu à peu, la tristesse remplace la colère. A ce moment là, on n'est plus en colère contre personne, on est en paix avec soi-même, mais on ne souhaite plus rien. Sauf la mort. Bien sur que le temps influe. Mais il a beau s'écouler, il ne le fait jamais comme on le souhaite. Et il n'est jamais assez puissant pour tout effacer.

    « On naît pourtant bien pour mourir. N'est-ce pas? Alors si. Un jour, j'oublierais. Puisqu'un jour je ne serais plus. Plus rien. Et toi aussi. On oubliera tous. Sans exception. On ne possède pas le pouvoir de vivre indéfiniment. Et c'est surement mieux comme ça. Seulement, j'aimerais savoir la date de ma mort, pour éviter de souffrir encore plus avant le moment fatidique. »

    Non. Elle n'oubliera pas. Je n'oublierai pas non plus. Je pense que, quoi que nous fassions, nous nous souvenons. La Blessure est trop profonde pour pouvoir disparaître dans sa totalité. Disparaître. Elle semble penser que c'est ce qui advient après notre mort. Que nous disparaissons, et que tout devient néant. Je ne suis pas de son avis. J'aime à penser qu'il y a une autre vie après la mort. Une vie différente. Une vie mentale, psychique. Plus de corps à traîner, de bouche à nourrir, d'organisme à désaltérer. Juste ce qui fait que nous sommes qui nous sommes. Et j'ose espérer que, dans cette seconde vie, il n'y a plus de douleur possible. Parce qu'on retrouve tous ceux qu'on aime, sans exception, et qu'il n'y a plus de pleurs ni de larmes.

    Je ne sais que lui répondre. J'ai envie de l'aider, envie de partager avec elle, mais elle ne semble pas vouloir. Trop méfiante pour me faire confiance, peut-être. Peu importe. J'attendrai. J'attendrai le temps qu'il faudra, car j'ai l'intime conviction que nous pouvons nous aider. L'un comme l'autre. Je ne sais comment ni pourquoi, mais c'est une chose dont je suis certain. Je ne connais ni son histoire, ni ses douleurs. Je sais juste qu'elles sont semblables aux miennes. Mais cela me suffit. Ma voix est sereine quand je pose mon regard dans le sien :

    « Ce qui compte, ce n'est pas le but, c'est le chemin qu'on a parcouru pour y arriver, Khaleesi. Tu n'oublieras pas. Mais tu dois t'efforcer de faire comme si c'était le cas. Alors seulement, tu comprendras. Et je serai là. Fais-moi confiance. »

    Tout cela était peut-être trop. Trop pour elle, ou trop pour Moi. Je ne lui demandais pas de changer ses convictions parce que j'estimai que les miennes étaient meilleures. Non. C'était une façon de l'aider. Une façon de lui faire comprendre qu'elle ne pourrait rien changer, et qu'elle devait continuer à avancer, sans s’apitoyer sur elle-même.

    J'escomptai la revoir. J’espérai la revoir. Mais je ne le ferai que lorsqu'elle serai prête. J'attendrai aussi longtemps qu'il le faudrait, mais je l'aiderai. Un jour, nous parlerons. Quand elle l'aura décidé. Me relevant, je lui tournai le dos, et m'éloignai de ma démarche souple et puissante. Je lui laissai le choix. La liberté de choisir. Il ne dépendait plus que d'elle de choisir. Rester coincée entre un passé douloureux et un futur terrifiant, ou tenter d'avancer, et de se reconstruire. Je ne pouvais lui dire quel était le meilleur des choix, car je n'en savais rien. Il n'y en a sans doute pas. Mais lorsqu'on a tout perdu, et qu'il est impossible de faire marche arrière, alors les choses deviennent différentes.

    ------------------------------ «

    Alors apprends-moi. Apprends-moi à faire comme si. »

    Je m'arrête, sans pour autant me retourner. Je ne sais pas à quoi elle pense. Je ne sais pas ce qu'elle ressent. Mais je sais ce qu'elle veut. Elle veut oublier, s'en sortir, faire comme si rien n'avait jamais changé. Mais c'était impossible. Impossible d'oublier totalement. Impossible de faire comme si nous étions quelqu'un d'autre.Les secondes s'égrènent, et je ne bouge toujours pas. Il règne un silence apaisant ici. J'ai l'impression de partager des choses à travers ce silence. Parce qu'il y a des souvenirs, des sentiments, qui ne peuvent s'expliquer. Qu'on comprend par un regard, qu'on côtoie tous les jours, mais sur lesquels on ne peut pas mettre de mots.

    Alors, je me retourne doucement. Mon regard azur cherche celui de Khaleesi. C'était comme si quelque chose d'invisible nous reliait. Mais cette chose, même si elle n'était pas palpable, je savais ce qu'elle était. Une douleur, un chagrin. Une fraction de seconde de notre vie qui la bouleverse entièrement. Une fraction de seconde qui nous révolte, et qui réveille en nous la colère et l'incompréhension.

    Nous qui n'avons jamais rien fait de mal, nous qui n'avons jamais causé de tort à personne, la vie nous a déjà tout pris, alors même que nous faisions connaissance avec elle. C'était quelque chose de nouveau. Quelque chose de brillant. Quelque chose d'intense. Mais parce qu'on est parfois incapable de découvrir la réalité par soi-même, il faut que quelque chose d'autre s'en charge.

    Jadis, nous étions heureux. Comme si nous savions que rien ne basculerait jamais. Peut-être qu'au fond, inconsciemment, nous refoulions les dangers que nous savions capable de briser notre enfance. Ou peut-être que nous ne les avons jamais réellement rencontré. Au fond, quelle importance ? Je fais un pas en avant, et je redresse la tête, sans quitter la louve des yeux. Ma voix est douce, chargée de compassion. J'aurai voulu l'aider, lui alléger son fardeau. Mais j'en étais incapable. 

    « Je ne peux pas t'apprendre, Khaleesi. Il n'y a rien à apprendre.»

    Je m'arrête un instant. Je voudrais pouvoir lui faire ressentir, lui fait comprendre, mais mes mots sont maladroits. Je n'ai pourtant rien d'autre.

     « Tu n'oublieras jamais, pas plus que ta blessure ne guérira. Mais tu dois avancer. C'est difficile, mais tu n'as pas le choix. Tu ne peux revenir en arrière, et avancer te fait peur. Le Futur est terrifiant. Je le sais. Pourtant, tu y arriveras. Tu dois mettre une patte après l'autre. Garder les meilleurs souvenirs, et refouler les autres. Supporter la douleur, tenter de l'apaiser comme tu le peux, et faire avec.»

    La douleur ne devenait jamais familière. Jamais. Mais à force, le temps la rendait moins violente. Toujours aussi perçante, mais moins violente. Peut-être que le temps y était pour quelque chose, au final  

    « Le Temps n'effacera pas, mais il apaisera. La seule chose que tu puisse faire, Khaleesi, c'est avancer. Avancer en étant fière de ce que tu es. Avancer en devenant ce que tu veux être. »

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    J'aurai aimé pouvoir l'aider plus encore. Mes paroles n'étaient peut-être que du vent à ses yeux. Peut-être attendait-elle une vraie solution. Mais le fait est qu'il n'y en a pas. Ou du moins, s'il y en a une, je ne l'ai pas trouvé. Et si tant est qu'il en existe une, alors je donnerai tout pour la trouver.

    Par moment, la mort me semble être la meilleure chose qui puisse m'arriver. Mais un loup ne se laisse pas mourir. Pas un loup de ma trempe. Je ne suis pas le plus puissant ni le plus fort, et je suis loin d'être le plus ambitieux, mais je ne suis pas un lâche. Je l'ai été, mais je ne le suis plus. Je n'ai abandonné Ushka que parce que c'était ma seule issue. L'instinct de survie, peut-être. Si tant est qu'on peut survivre à cela.

    Mais désormais, une seule chose m'anime. Une chose si puissante, si vibrante, que lorsque j'y pense, je ne peux m'empêche de frémir. Et même si je voudrais mettre un terme à cette chose aujourd'hui, je sais que je ne suis pas prêt. Je ne serai prêt que lorsque j'aurai pris assez de recul. C'est encore trop tôt, trop douloureux.

    « Au revoir, Arès. »

    Elle s'en va. Je n'ai pas su la réconforter. J'ai échoué. Mais ce n'est que partie remise. C'est à elle d'avancer. Je ne peux que la guider. Je ne cherche pas à la retenir, ni même à la suivre. Je ne me retourne même pas pour la suivre du regard. Je sais ce qu'elle ressent. Ce vide immense qui se creuse à chaque fois que les souvenirs refluent. Ce vide impossible à combler.

    Mais pourtant, un jour, il se tassera. Il ne cessera jamais d'exister, mais il se fera plus discret. Moins palpable. C'est à elle de tout faire pour. Moi, j'ai déjà mon fardeau à porter, ma cicatrice à apaiser. Mais elle ne sera véritablement apaisé que lorsque le tort sera réparé. Les Dieux de la Vengeance exercent en silence.

       

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