• Le temps ne cicatrise pas les outrages du temps

    Genre : RP

    Nom : Le temps ne cicatrise pas les outrages du temps

    Personnage : Noé A. Foster

    Contexte : Noé revient à Full Horse après une longue absence

    Accoudé à la vitre, Noé regardait le paysage défilé sous ses yeux. Monotone. Sans couleur. A croire que tout ce qui faisait la beauté de la nature à ses yeux n'avait plus lieu d'être. Tandis que la voiture filait sur la route, lui était indifférent à ce qui l'entourait. Comme à beaucoup d'autres choses, d'ailleurs. Plus rien n'était pareil, et rien ne le serait plus jamais. Ça n'avait été que l'affaire de quelques mois, une ou deux années tout au plus, mais pour Noé, c'était comme si dix ans étaient passés. Il ne cherchait même plus à comprendre tant la lassitude et l'incompréhension l'avaient gagné. Il n'avait jamais compris, au fond.

    Il y a trois ans de cela, il était encore à Full Horse, heureux et insouciant. Jess veillait sur lui, et il avait Obiwan. Ce cher poney auquel il tenait tant. Ce petit shetland avec qui il avait appris les rudiments de son équitation. Cette petite fripouille qui lui avait fait découvrir des choses incroyables. Le garçon avait toujours su qu'il n'était pas tout à fait identique aux autres, mais qu'il avait une petite différence qui faisait qu'il était fragile. Un problème de santé qui le mettait un peu de côté, mais qui n'avait jamais eu plus d'impact que cela. Jusqu'à ce que tout cela change.

    S'il avait toujours su qu'il était malade, Noé ne s'était jamais réellement penché sur ce que cela impliquait. Mais il avait eu largement l'occasion de se rattraper. Il était tombé malade, et n'avait pas réussi à récupérer. Au départ, Jess avait pensé que ce n'était qu'une petite fièvre, et que cela passerait. Il était resté à Full Horse, dans sa chambre, avec quelques médicaments prescrits par le médecin. Et puis, cela avait duré. Alors le médecin était revenu. Et tout avait été bousculé. Ça n'avait plus été « normal ». Il s'en souvenait peu, tout était confus. Il se souvenait simplement qu'il avait chaud, et qu'il était fatigué. Rien de plus, ou presque. Sur l'ordonnance du médecin, il avait été transporté à l'hôpital le plus proche pour être soigné. Ce qui ne devait au départ durer que quelques jours s'était éternisé, et il avait fini par passer plusieurs mois à l'hôpital.

    A ce moment-là, Noé n'était plus le petit garçon qu'il avait été, mais n'était pas encore l'adolescent renfermé qu'il était devenu. Il avait essayé de comprendre. Alors on lui avait expliqué. Il s'était contenté de cela, à l'époque. Une maladie qui le fatiguait. Son corps qui ne marchait pas comme il le devait. Quelques médicaments, quelques examens, et tout irait mieux. Mais il avait grandit. Et il avait creusé. Noé avait finit par comprendre qu'on lui avait caché des choses. Et de là, tout avait commencé à se désagréger. D'abord, il avait observé sans rien dire, et il avait écouté. Ensuite, il avait cherché. Dans les livres, sur internet, partout. Enfin, il avait mis un nom sur sa maladie. Un nom qui faisait peur, et qu'on avait cherché à éviter. Pourtant, il était bel et bien là, le cancer. Et lorsqu'il avait demandé à ses parents et aux médecins, l'adolescent avait compris que cela faisait longtemps que tous étaient au courant, mais que personne ne lui avait jamais rien dit.

    Il s'était mis en colère. Il avait crié sa colère et sa frustration. Il avait rejeté toute main tendu qu'on lui proposait. Parce que la vie n'était pas juste. Pas juste, et difficile. Il avait eu de longs mois de traitements, épuisants et inconfortables. De longs mois sans pouvoir mettre un pied dehors. De longs mois sans pouvoir voir Obiwan. Lorsqu'il l'avait évoqué, à l'époque, ses parents avaient à peine répondu à sa question, comme si ce n'était qu'un jouet à mettre de côté. Ils n'avaient pas compris l'importance qu'avait sa monture dans sa vie. Et rien que pour cela, Noé leur en avait voulu, longtemps. Et il leur en voulait encore.

    A force de patience et de traitement, la maladie avait été en partie enrayée, pour un temps du moins. Il avait pu rentrer chez lui, mais à ses yeux, ce n'avait été qu'une prison de plus. Pas de sport. Pas d'équitation. Pas de visite à Obiwan. Ses parents l'avaient couvés, craignant qu'il ne se blesse à chaque geste. Si Noé savait que, au fond, cela partait seulement d'une bonne intention, il avait finit par ne plus le supporter. Alors il s'était isolé. Renfermé. Replié. Lui autrefois si curieux et émerveillé de tout était devenu un adolescent renfermé et indifférent au monde qui l'entourait. Le contact avec ses parents était devenu difficile et compliqué, comme avec n'importe qui. Il ne voulait plus voir ses amis. Au collège, il ne parlait à personne, et se contentait de faire ce qu'il avait à faire. Et chez lui, il restait des heures dans sa chambre, parfois sans rien faire. Il avait perdu le goût de la vie qui l'animait autrefois.

    Ses parents avaient tout tenté. Ils avaient fait venir Jess. Ses amis. Ils l'avaient envoyé chez un psychologue, et chez tout un tas d'autres spécialistes, mais rien n'y avait fait. Il refusait en bloc, et se plongeait dans un silence sans fin. Les traitements avaient continués, sans qu'il ait rien à dire. Les chimiothérapies, les visites, les examens, les longues journées d'hospitalisation, tout cela était devenu un routine. Une pente bien difficile à accepter. Noé ne souriait plu. Il ne riait plus. Ne partageait plus rien avec personne. Il était seul dans un monde d'adulte contre lequel il ne ressentait que de la colère et de la rancune. Il en voulait à tout le monde, mais plus encore à ses parents. A ses yeux, ils lui avaient mentis. Pire, il avait tenté d'atténuer la chose. Et ils avaient été incapables de comprendre.

    Lorsqu'il avait compris qu'il ne reverrait pas Full Horse avant de longs mois, Noé avait cessé d'y penser. Il avait oublié Obiwan, Jess, et tous les autres. Il les avait écarté de ses pensées, au point de ne plus s'en préoccuper. Par moment, il avait entendu des bribes de paroles entre ses parents. Ils avaient énoncé la possibilité de ventre Obiwan. Noé avait alors songé qu'il ne remettrait plus jamais les pied à Full Horse, voir même qu'il ne remonterait jamais à cheval. Il ne voulait plus. Et Obiwan avait disparu de ses pensées. Il n'avait plus demandé de nouvelles. Il ne voulait plus en avoir. Alors les ponts avaient été coupés, du moins l'avait-il pensé. Et puis, un matin, ses parents lui avaient annoncé qu'il retournait là-bas. S'il avait d'abord pensé s'y opposer, il avait finit par s'y résigner. Indifférent, encore. Ni chaud, ni froid. Peu importait. Il avait laissé ses parents tout organiser. Il ne s'était pas impliqué comme il l'avait fait autrefois. Il ne s'était pas projeté.

    Et désormais, il en était là. Roulant à pleine vitesse vers le Haras, désormais situé à Rio. Au vu de sa situation, les médecins avaient longuement pesé le pour et le contre. Noé ne savait pas ce qu'il devait en penser. Il savait simplement que la routine allait devenir différente. Pour un temps, il était en phase de rémission. Il ne savait pas pourquoi ni comment. Il s'en fichait. Il n'y aurait pour l'instant plus de traitement ni d'hospitalisation. Il avait en parti récupéré, même s'il ne retrouverait jamais toutes ses capacités. Néanmoins, les médecins avaient jugés que c'était suffisant pour le laisser repartir. Jess y était-elle pour quelque chose ? L'adolescent n'en savait rien. Il n'avait pas envie de la revoir. Pas plus que tous les autres.

    Le jeune garçon n'était pas remonté à cheval depuis plusieurs années. Il n'avait pas approché un cheval depuis autant de temps. Tout avait cessé du jour au lendemain, sans qu'il ait son mot à dire. Avait-il vraiment envie de retourner là-bas ? De reprendre ce qu'il avait autrefois adoré ? Nul n'était certain que cela lui plairait encore. Peut-être était-ce une de ces passions enfantines que l'adolescence effaçait. Mais il n'avait plus le choix, désormais. D'ici quelques dizaines de minutes, il serait de retour à Full Horse, qu'il le veuille ou non. Et il rencontrerait son passé de plein fouet, sans pouvoir l'éviter.

     
       

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