• Quand les chemins s'entremêlent

    Genre : RP

    Nom : Quand les chemins s'entremêlent

    Personnage : Neriel

    Contexte : Après avoir volé le journal de Svelyana - la mauvaise cible - Neriel décide de lui rendre son journal.

     

    Lorsque Neriel pénétra dans Saline ce matin-là, l'aube était à peine levée, et la brume entourait encore le toit des maisons. Mais peu importait, il aimait bien l'ambiance qui régnait à cette heure-ci. Peu d'habitants étaient déjà debout, et il n'y avait pas grand monde dans les rues. Pour ne pas dire personne. Une main sur le pommeau de sa selle, le jeune homme guidait Vivaldi, son étalon, d'une main légère. Il était bon cavalier. Petit, son père lui avait appris. Quand rien n'avait encore basculé. Si des longues années étaient passées, ses souvenirs étaient encore parfaitement présents, comme si tout cela s'était passé hier. Et pourtant.

    Neriel n'avait jamais su ce qu'il s'était réellement passé. Tout avait été tellement vite ! Bien sur, Elion devait être au courant. Avec le recul, et après avoir retourné encore et encore la chose dans sa tête, le jeune assassin en était désormais persuadé. Mais Elion avait disparut aussi, durant cette rude nuit d'hiver. Comme sa Mère et son Père. Et il n'était jamais revenu les retrouver, comme promis. « Je sais que tu as peur, mais tu vas devoir être courageux. Papa et Maman ont des choses à régler, » avait dit sa mère. Quelles étaient donc ces choses ? Le Mystère restait entier. Mais Neriel s'était promis que, tôt ou tard, il éclaircirait son Passé.

    Chassant ces sombres pensées, le jeune Assassin s'engagea dans les petits rues au coeur de la ville. S'il n'était que rarement venu à Saline, l'architecture était loin de lui être étrangère. Il avait grandit près de Silena, et les deux villes avaient beaucoup de similitudes. Autant dire que le jeune homme n'était pas dépaysé. Cependant, il n'était pas ici en tant que touriste, mais bien pour une mission. Mission qui s'était éternisé, d'ailleurs. Quelques semaines auparavant, il s'était déjà rendu à Saline pour éliminer une cible, et il avait compté faire cela vite et bien. Mais la chose avait pris une tournure bien différente, qui avait remis en question bien des choses. Et il avait promis de revenir éclaircir les choses.

    Après sa rencontre avec la jeune Svelyana, qu'il avait d'abord pris pour sa cible - et qui s'était avéré ne pas l'être - Neriel était retourné auprès de la confrérie pour avoir de plus amples renseignements. Et désormais, il revenait mettre un terme à sa mission. Le « client » qui avait fait appel à ses services avait manqué de précision, et tout cela aurait pu avoir de fâcheuses conséquences, mais tout finissait par s'arranger. Il y a quelques jours, Neriel avait demandé à un de ses contacts de se débrouiller pour laisser un message à Svelyana, la conviant dans la même ruelle où elle avait faillit voir ses jours se ternirent. Le jeune Assassin n'avait pas eu de retour, mais il n'en attendait pas. La discrétion était le maître mot de la Confrérie, et multiplier les messages n'était pas une chose à faire.

    Cependant, si Svelyana n'avait plus rien à voir avec sa cible, il voulait éclaircir certains points. Les quelques passages du précieux journal qu'il avait lu soupçonnaient quelque chose de bien plus important qu'une simple concurrence entre commerçants. Et le jeune homme comptait bien obtenir de plus amples informations. Comme la fois précédente, il se rendit dans la petite auberge où il laissa Vivaldi, en demandant à ce qu'on lui prépare un second cheval. Quand l'aubergiste le regarda en biais, il fit tomber quelques pièces sur le comptoir, et déclara qu'il repasserait d'ici une heure. Sans attendre, il retourna ensuit au cœur de la ville, jusque dans l’étroite ruelle où tout avait commencé. Là, Neriel s'appuya contre un mur, dans un léger renfoncement qui le mit à l'abri des regards indiscrets. Si Svelyana tenait à retrouver son journal, elle ne tarderait plus.

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    Tandis que Neriel observait le toit des maisons, en se demandant ce qu'il verrait s'il montait dessus un de ces jours, une voix féminine le tira de ses pensées :

    ─ Je sais que tu es là, montre toi.

    Un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, le jeune assassin sortit de sa cachette sans paraître nullement étonné de la voir. Après tout, c'était lui qui lui avait donné rendez-vous ici. La jeune femme retira sa capuche, et il fit de même. C'était là quelque chose de peur commun. Il gardait le plus souvent sa capuche. Mais au fond, cette jeune femme l'intriguait, et il ne la considérait pas vraiment comme une inconnue ou ennemie.

    ─ Es-tu décidé à mon rendre mon journal maintenant? Tu as eu le temps de le lire, c'est bon?

    Si un certain agacement était palpable dans sa voix, Neriel n'en tînt pas compte. Il ne tenait jamais compte de ce genre de chose. Surtout lorsque cela n'engendrait pas de danger. S'appuyant d'une épaule contre le mur, il déclara d'une voix légère, un sourire amusé sur le visage :

    ─ Bien le bonjour !

    C'était une façon de la faire tourner un peu autour du pot. Le jeune assassin - quand il en avait l'occasion - aimait bien s'amuser avec ses interlocuteurs. C'était amusant de voir comme peu d'entre eux avaient une réelle maîtrise sur eux-mêmes. C'était comme lire dans un livre ouvert. Trop facile, et parfois d'une aide précieuse. Il laissa passer quelques secondes, avant de reprendre :

    ─ Quant à ton journal...Je vais te le rendrai, mais pas tout de suite. Si tu veux le récupérer, il va encore falloir me suivre.

    Comme précédemment, il exigeait encore d'elle qu'elle le suive. Mais au fond, si elle n'en avait pas l'envie, rien ne l'obligeait à le faire. Seulement, elle ne récupèrerai alors pas son précieux journal, auquel elle semblait tellement tenir. Mais cette fois-ci, Neriel ne tourna pas le dos en s'enfuyant comme un voleur. Il resta là, à attendre la réponse de sin interlocutrice. Il ne put cependant s'empêcher d'ajouter d'une voix moqueuse :

    ─ C'était presque aussi intéressant qu'un Roman !

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    En entendant les commentaires du jeune Homme, Svelyana leva les yeux au ciel, sans rien dire. Pourtant, quand il eut terminé, elle déclara d'une voix ironique :

    ─ Contente que ça t'ai plut.

    Puis, elle le joignit à grand pas. Neriel ne bougea pas pour autant, même s'il était prête à agir à tout instant. C'était là la principale caractéristique des assassins : savoir agir vite, et au dernier moment, sans qu'aucun signe préalable n'est pu alerter la victime. Et en grandissant dans les ruelles, à voler et à mendier, le jeune assassin avait développé cette capacité très rapidement, puisqu'elle représentait sa seule façon de pouvoir manger. Cependant, il n'y eut aucun geste agressif de la part de la jeune femme, elle lui fourra simplement son manteau dans les bras, avant d'ajouter :

    ─ Quoi qu'il en soit, je te rends déjà ça. Et maintenant que tu sais tout de moi, tu pourrais au moins me dire son nom. Et aussi où tu veux m’emmener. Je veux bien te suivre, mais tu me dit où avant.

    Neriel lâcha un léger rire, toujours dans une position plutôt décontracté. Cette potentielle victime le faisait rire. Bien sur, il n'était pas dans sa nature d'être aussi "joyeux" avec tout le monde - il était d'ailleurs réputé pour être froid et taciturne - mais maintenant que la jeune femme avait éveillé sa curiosité, et surtout qu'il avait déduit qu'elle ne représentait pas un danger majeur, il appréciait de la faire légèrement tourner en rond. Décidant qu'il était temps de lui en dire plus, il se redressa - passant son manteau sous un bras - et déclara d'une voix calme :

    ─ Pas bien loin, seulement là où il n'y aura plus tant d'oreilles autour de nous. Je t'ai trouvé un cheval, a deux pas d'ici. En route !

    Sans plus de cérémonies, le jeune homme tourna les talons, et s'engagea en direction de la petite auberge où il avait laissé Vivaldi, et la monture destinée à Svelyana. Maintenant qu'il connaissait un tant soit peu cette dernière, il savait qu'elle le suivrait. Par curiosité ou simplement parce que son carnet était bien plus précieux qu'il ne le pensait, l'assassin n'aurait pu le dire. Mais il était prêt à mettre sa main à couper qu'elle le suivrait. De toute manière, il n'était pas partie en courant comme la dernière fois. Il marchait, certes d'un pas rapide, mais restait tout à fait rattrapable. Quelques instants après, il finit par se retourner, et ajouta d'un air tranquille :

    ─ Ah, et je m'appelle Neriel.

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    La demoiselle trottina pour le rattraper, lui qui avait une démarche si ample et si discrète à la fois.

    ─ Moi c'est Svelyana. Tu ne veux vraiment pas me dire où on va avant ?

    Neriel eut un léger sourire. Bien sur qu’il connaissait son nom. Il l’avait vu dans le journal. Bien que la jeune femme n’ait pas parlé d’elle en particulier, il se souvenait avoir vu le nom griffonné quelque part. Il tourna un instant son regard brun vers elle, sans aucune once d’agressivité ou de mécontentement. Après tout, il ne la considérait plus tant comme une cible à abattre. En réalité, il désirait en savoir plus sur ce dont parlait la jeune femme dans son journal. Juste par curiosité. Ou peut-être par intérêt personnel, sans qu’il ose le dire. D’une voix calme, il répondit :

    ─ A l’extérieur de la ville, dans les plaines. Je voudrais rejoindre Him’Néa. Tu ne seras pas obligé de m’accompagner jusque là-bas, je te demande seulement un peu de temps.

    Il n’ajouta rien de plus, et se dirigea dans la ruelle où se trouvait l’auberge. Là, il frappa un certain nombre de coups rythmés, avant que la porte s’ouvre. Le vieil aubergiste fit entrer Neriel, qui fit un signe de la main à la jeune nymphe :

    ─ Reste-là, j’en ai pour un instant.

    Sans plus de détails, la porte en bois se referma lourdement, cachant le jeune assassin aux yeux de son accompagnatrice. Connaissant bien le propriétaire de l’auberge, il avait pris l’habitude de régler avant, aussi avait-il déjà déposé quelques piécettes sur le comptoir. Il suivit le vieil homme jusque dans la cour où – comme prévu – l’attendait Vivaldi, son étalon, ainsi qu’un autre cheval un peu plus fin qui, s’il n’était pas adapté à un long voyage, suffirait pour une sortie de quelques heures. Saisissant les deux chevaux par la bride, il remercia l’aubergiste d’un signe de tête, avant de sortir dans la ruelle retrouver Svelyana. Le portail de bois sombre et usé se referma derrière lui, sans un mot de plus du vieux bonhomme. L’assassin reporta son attention sur la jeune femme, et lui tendit les rênes du hongre bai en déclarant :

    ─ Tiens, voila ta monture. Elle ne vaut pas grand-chose, mais suffira pour faire le trajet jusqu’à Him’Néa, ou pour revenir ici. En route !

    Lâchant la bride du cheval de la nymphe, Neriel ajusta ses rênes et se mit en selle souplement. S’il n’avait pas cherché une monture exceptionnelle pour Svelyana, ce n’était pas qu’il n’en avait pas les moyens, mais qu’il ne jugeait pas utile de lui acheter une monture capable de parcourir de longs trajets. Comme Vivaldi. Son étalon – grand cheval au pelage foncé – était puissant et fort. Neriel l’avait acheté pour un prix élevé il y a quelques mois, mais ne regrettait pas son choix. Vivaldi ne l’avait jamais déçu. Le jeune homme lui avait appris quelques ordres simples mais néanmoins indispensable pour lui. Et sa monture s’était révélée robuste et rapide, tout en ayant une silhouette assez impressionnante, qui correspondait parfaitement à l’allure que l’Assassin voulait donner. Prenant ses rênes d’une main, Neriel se retourna pour vérifier que son accompagnatrice s’était mise en selle, puis siffla légèrement. Son étalon se mit tranquillement en route, se dirigeant vers la sortie de la ville.

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    D'un pas actif, ils se dirigèrent tous deux vers la sortie de la ville. Sur leur passage, ils croisèrent nombre de badauds et de marchands, de villageois vaquant à leurs occupations. Parfois, Neriel était obligé de faire de bruit pour que ces derniers s'écartent. Mais, la plupart du temps, le claquement des sabots sur le pavé et la carrure de la monture de l'Assassin faisaient que les gens s'écartaient rapidement sur leur chemin. Lorsqu'en-fin ils quittèrent le bruit et l'activité de la ville, la jeune nymphe déclara :

    ─ Et maintenant que nous sommes sortis de Cardrak, tu vas finir par me dire ce que tu attends de moi, à part un peu de mon temps?

    Une main sur la cuisse et l'autre tenant les rênes assez lâches, le jeune homme ne répondit pas tout de suite. Il cherchait comment formuler ses interrogations. A dire vrai, il n'avait pas une question en particulier, mais c'était tout un pan de ce qu'il découvrait au fur et à mesure qu'il voulait connaître. Tout en regardant le paysage, il finit par déclarer :

    ─ A vrai dire, j'ai des questions. Je ne sais pas qui pourrait y répondre, mais ce que j'ai lu dans ton carnet...

    Il se sentit un peu mal à l'aise à ce souvenir. A ce moment là, il n'avait pour but que de faire tourner en rond la jeune nymphe. Il toussota légèrement, comme pour s'excuser, t plongea son regard dans celui de la jeune femme avant de reprendre :

    ─ ...ce que j'ai lu me fait penser que tu pourrais peut-être m'éclairer un peu. Tu parles d'un don, et j'aimerai en savoir plus à ce sujet.

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    Sans rien dire, la nymphe soupira, et mit pied à terre. Si Neriel aurait préféré continuer d'avancer, il ne dit cependant rien. Il lui en demandait déjà beaucoup, à lui de faire un effort. Tirant légèrement sur les rênes de Vivaldi, il arrêta son étalon, et descendit aussi souplement qu'il s'était mis en selle.

    ─ Je vais commencer du début.

    Alors il écouta avec attention, ses yeux rivés dans ceux de la jeune femme. Elle lui parla de nymphes, et de peuples disparus. De guérison et de métamorphose. De paladins et de don. Tant de choses se dévoilaient à lui en si peu de temps que le jeune homme en eut un instant des vertiges. S'il avait toujours entendu parler de magie et de choses qui s'y reliaient, il n'y avait jamais réellement prêté attention. Pour lui, ça avait toujours été des légendes ou des fables, mais rien de bien sérieux. Or, avec Svelyana, il découvrait qu'il se trompait depuis longtemps. Il s'était toujours voilé la face. Mais si les dons et les pouvoirs existaient réellement, pourquoi ses parents ne lui en avaient-ils jamais parlé ? Pourquoi n'avoir jamais rien dit ? Peut-être n'en avaient-ils pas eu le temps...

    ─ Si tu en as, j'écouterai tes questions, Neriel.

    Le jeune homme détourna le regard, et laissa flotter le silence léger. Des questions, il en avait. Mais par laquelle commencer ? C'était si vaste, et il avait peur de paraître ridicule. Pourtant, il voulait en savoir plus. Il se devait d'être au courant. Alors il réfléchit. Elle avait révélé être une nymphe. S'il ne connaissait guère les diverses races qu'on trouvait dans le Monde, c'était secondaire. Lui était un homme, et s'il avait entendu parler d'Elfes et de quelques autres, il aurait été incapable d'en dire plus. Mais cela ne l'intéressait pas vraiment pour le moment. Mais par la suite, elle avait énoncé des dons et des capacités, qu'il ne savait expliquer. Alors, brisant le silence, il demanda :

    ─ Ces dons et ces capacités dont tu parles... Qu'est-ce que c'est ? Qui peut en avoir, et à quoi servent-elles ?

    Tandis que la nymphe triturait une mèche de chevaux, lui avait posé une main sur l'encolure de sa monture, occupée à brouter l'herbe. S'il n'avait jamais pu communiquer avec son étalon, le savoir à ses côtés le rassurait. Et en l’occurrence, apaisait ses tourments.

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    - Concernant la Purification... C'est Yehadiel qui donne ce pouvoir. Comment il choisi les Purificateurs, je l'ignore complètement. Je n'étais à la base même pas dévolue à ce Dieux, j'ignorais son existence même. J'avoue ne pas comprendre pourquoi il m'a choisie, je me demande souvent s'il ne s'est pas trompé de personne.

    Yehadiel, Neriel n'en avait guère entendu parler. Il se doutait que plusieurs cultes étaient à l’œuvre sur ces Terres, sans pouvoir en définir un seul correctement. Lui ne croyait en rien d'autre que lui-même. S'il y avait un quelconque Dieu qui veillait sur lui, alors il n'était pas digne de la confiance du jeune homme. Il l'aurait été si sa famille n'avait pas été décimée. Neriel aurait eu la foi si la vie avait été tout autre pour lui. Mais elle ne l'était pas. Durant ce temps, Svelyana donna un violent coup de pied dans un caillou, qui valsa un peu plus loin. Le jeune assassin était parfaitement capable de comprendre ce qu'elle ressentait. Il l'avait vécu, lui aussi. Différemment, cependant.

    - Les adorateur de Nayris cherchent à la ramener en ce monde. Ce sont eux qui ont répandu la Peste Mort Vivante. L'Ordre de Yehadiel cherche à les contrecarrer, entre autre.

    Si le jeune homme ne connaissait pas non plus Nayris, au vu de ce que venait de lui révéler la nymphe, il se doutait que ce ne devait pas être une personne très sympathique. Ceci dit, il n'en avait encore jamais entendu parler, peut-être était-elle donc encore bien loin de son monde à lui. Délaissant l'encolure de sa monture pour venir jouer avec le pommeau de son épée, il déclara d'une voix songeuse :

    ─ Tout cela est bien compliqué. Je ne connais aucun de ces dieux dont tu parles. Je ne connais que ce que la rue m'a appris, et je me rends compte que c'est bien peu. Je me doutais que certaines personnes étaient capables d'un genre de ... « sorcellerie » mais de là à penser que la magie existait vraiment...

    A sa question, la nymphe n'avait répondu que pour sa race. Mais peut-être que d'autres étaient concernées. Après tous, les Nymphes ne représentaient pas la majorité de la population, elle ne devait donc sans doute pas être les seules à posséder des dons. S'arrêtant, il se tourna vers Svelyana, le regard songeur. Les sourcils froncés, il demanda alors :

    ─ Tu...tu crois que ceux de mon sang auraient pu manier une quelconque forme de magie ? La race des Hommes est-elle capable de la maîtriser ?
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     ─ Oui. Je ne sais pas ce qui prédispose un humain à maitriser certaines formes de magies. Je sais que certains je peuvent. Lyssandre le pouvait, même si ses capacités lui étaient aussi offertes par Yehadiel. Mais sur mon chemin, j'ai vu des humains avec d'étranges facultés. Il y a aussi le cas des hybrides ou de ceux utilisant certains artefacts, mais je ne suis sûre de rien à ce sujet.

    Cela aurait pu expliquer bien des choses. Ou non, d'ailleurs. Au fond, Neriel n'en savait trop rien. C'était bien flou. Si vaste. Mais désormais que Svelyana lui avait dévoilé quelques prémices, il ne s'arrêterait pas de sitôt. Il pouvait tout à fait mettre son activité d'Assassin entre crochet pour fouiner et en découvrir plus sur le monde. D'ailleurs, il pouvait tout à fait faire les deux en même temps. La nymphe s'approcha alors très près, et le détailla de ses grands yeux. Si le jeune assassin ne craignait pas les autres, il n'était cependant pas très à l'aise dans ce genre de situation. Il ne recula toutefois pas. Posant son doigt sur la joue de ce dernier, la jeune femme suivi délicatement les traits encore jeune de son interlocuteur, qui ne pu s'empêcher de détourner légèrement le regard :

    ─ Pourquoi tu poserais-tu pas ta vraie question, maintenant ?

    Mal à l'aise face à la jeune femme qui le détaillait, Neriel n'arrivait pas à réfléchir. Saisissant la main de la nymphe - qui semblait bien petite par rapport à la sienne - il referma la sienne autour, et la repoussa doucement. Puis, il recula d'un pas. Non pas qu'il craigne la jeune femme ou qu'il ne l'apprécie pas, loin de lui cette idée. Il voulait simplement arriver à clarifier ses idées. S'il avait tourné autour du pot, ne sachant pas réellement comment amener le sujet sur la table, il avait cependant une idée centrale, qu'il n'avait jusque là pas osé présenter, de peur qu'elle le trouve trop orgueilleux. Mais maintenant qu'elle lui proposait ouvertement de le faire, pourquoi s'en priver ? S'éclaircissant la voix, il lâcha de but en blanc :

    ─ Pense-tu que mes parents, mes frères ou moi-même pouvons avoir un certain lien avec la magie ?

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    De son regard vert émeraude, intense et captivant, Svelyana détailla le jeune homme, les sourcils froncés. Si Neriel ne pouvait savoir ce qu'elle pensait, il ne se doutait même pas qu'à cet instant précis, la nymphe était capable de deviner et de percevoir chaque émotions qu'il ressentait. Autant dire qu'elle lisait en lui comme dans un livre ouvert - ou presque.

    ─ Y a-t-il quelque chose qui pourrait te pousser à le croire...?

    Le jeune homme resta impassible, le visage neutre. Pour autant, son cerveau était en ébullition. Il était en mesure d'obtenir de précieux renseignements, des informations qu'il ne trouverait peut-être pas ailleurs. Mais pour cela, il devait dévoiler des choses. Se dévoiler lui-même. Et cela représentait une sorte de faiblesse à ses yeux. Moins les gens en savaient sur lui, mieux il se portait. La jeune nymphe n'aurait jamais du croiser sa route, pouvait-il lui faire confiance ? Tout cela relevait d'une simple erreur, qui ne lui revenait même pas. Pourtant, elle avait su lui faire confiance, quand lui-même avait essayé de la tuer. Elle l'avait retrouvé lorsqu'il lui avait donné rendez-vous. Elle l'avait suivit hors de la ville alors qu'elle se savait en potentiel danger. N'était-ce pas une preuve suffisante ?

    Baissant légèrement le regard, Neriel ferma les yeux. Un instant. Il rassembla en lui diverses émotions qui émanait, comme une source d'énergie. Puis, d'un geste vif, il étendit le bras, et d'un mouvement fluide, fit pivoter sa main. A quelques mètres de là, un petit galet fut projeté sur quelques mètres. Il n'y avait pas de vent, et personnes d'autre. La nymphe aurait vite fait de comprendre. Ramenant son bras à lui, Neriel posa de nouveau son regard dans celui de sa compagne de route pour quelques heures. Un regard farouche et sauvage, semblable au caractère du jeune homme. Mais au fond brillait une lueur. Une toute petite lueur, mais qui ne laissait aucun doute possible.

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    Sans qu'il n'ait le temps de réagir, Svelyana se précipita vers lui, attrapant sa main pour l'observer sous toutes les coutures, comme si elle avait quelque chose de particulier.

    ─ Je m'en doutais! Tu as fais ça aussi quand tu as pris mon journal, n'est-ce pas?

    Sans qu'il ne puisse encore ajouter un mot, elle parcouru le bras de ses doigts fins, avant de les poser sur le torse du jeune homme. Surpris, Neriel se laissa faire. Qu'avait-elle donc perçu de si extraordinaire - elle qui maîtrisait déjà une once de magie - pour s'agiter aussi frénétiquement ? La situation ne devînt guère plus plaisante lorsqu'elle posa sa tête sur le sternum de l'Assassin, qui ne la repoussa pas. Bien sur, il n'était pas du genre à flirter avec chaque jeune femme qu'il croisait, où au contraire à toutes les repousser, mais les traces d'affections qu'il avait reçu étaient si vieilles que cela lui faisait tout drôle.

    ─ As-tu toujours pu faire cela? As-tu d'autres capacités ?

    D'autres capacités ? Comme quoi ? Son excellence dans l'art du meurtre ? Ou bien les étranges choses qui se produisaient de plus en plus fréquemment ? Si Neriel ne redoutait pas Svelyana, il n'en restait pas moins discret à propos de sa vie. Tout cela n'aurait pas du se produire, il n'était qu'un assassin chargé d'éliminer une cible. Il avait simplement été mal informé. Il n'aurait jamais du donner à nouveau rendez-vous à la jeune femme. Sa voix fut un peu plus basse lorsqu'il ne répondit qu'à la première question :

    ─ Je...Oui. Je crois. Tout est question de volonté, et je ne suis pas sure de mesurer pleinement ce que cela implique.

    Soudain submergé par une vague de sentiments paradoxal, il se mit à frissonner. Il n'était pas bien. Il avait déjà trop dévié de sa trajectoire pour continuer. Il devait partir. Écartant un pan de sa veste, il y glissa la main, avant d'en ressortir le précieux carnet, qu'il tendit à la nymphe. Après cela, il rassembla les rênes de son étalon, et se mit rapidement en selle. Si Neriel ne voulait pas se montrer rude avec sa nouvelle connaissance, il n'était pas du genre à se faire des amis. Au fond, il n'était pas le genre d'ami qu'on souhaitait. Cela faisait bien longtemps, désormais, qu'il faisait chemin seul. Sur son visage, un masque d'indifférence était de nouveau affiché.

    ─ Il est temps pour Moi de continuer ma route seul. Garde donc ta monture, elle te sera plus utile qu'à moi.

    Et, sans plus de détails, il rabattit sa capuche, et talonna son étalon, qui s'élança puissamment. Tandis que sa monture s'éloignait à grandes foulées, ses sourcils se froncèrent. Il venait de déchirer l'ébauche d'une autre vie que celle de vagabond.

     

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