• La vengeance est une justice sauvage

    Genre : RP

    Nom : La Vengeance est une justice sauvage

    Personnage : Hatari

    Contexte : Hatari revient aux abords du désert, alors même qu'il en est exilé

    Contrôlant le moindre de ses muscles à la perfection, Hatari se déplaçait rapidement et souplement. Sans réellement s'arrêter, il était toutefois plus que vigilant. Il n'était pas potentiellement en danger, mais risquait la mort à chaque instant, ou presque. Lui qui avait été chassé du Désert lors de la guerre, par Akili et Chenko, revenait à la charge. Les paroles d'Akili avaient pourtant été claires : « Nous les retrouverons en temps voulu, ils n’ont nul par où se cacher. Le désert nous les livrera, soyez-en assuré ». Autant dire que le jeune mâle n'avait rien à faire dans le désert. Absolument rien. Il aurait du être à des lieux de là. Et pourtant, à cet instant précis, il foulait le sol rocailleux sur lequel il avait grandit.

    Hatari avait parfaitement conscience du risque mortel qu'il prenait, mais n'y avait cependant pas renoncé. Plutôt mourir que de se laisser entraver par les ordres d'un vieillard trop orgueilleux. Akili avait tenté de le faire taire, il allait le révéler aux yeux de tous. Le jeune Jangowa qui n'avait été qu'un adolescent renfermé et distant était devenu un Hors-l-loi brisant chaque limite. S'il n'était pas venu ici avec un but précis, il restait cependant une idée inébranlable au fond de son esprit. Chaque lion qu'il croiserait aurait à choisir son destin. Lui ne montrerait aucune pitié. Il n'y aurait pas de neutralité. Il n'y aurait que ses ennemis, et ses compagnons de liberté. Que quelqu'un se dresse devant lui, et il le ferait tomber. Que quelqu'un le menace, et il le ferait taire. Que quelqu'un le laisse passer, et il ne l'oublierait pas.

    Ainsi, les yeux plissés et le regard menaçant, Hatari continuait sa marche furtive à travers les grandes falaises. A tout moment, il pouvait tomber sur des Jangowas en chasse, ou tout simplement en vadrouille. Qu'importe. Il ne craignait plus la mort. Il avait trop longtemps subi le joug de lions trop ambitieux et trop orgueilleux pour se faire assujettir une nouvelle foi. Il n'y avait désormais plus que deux chemins possibles ; celui de la liberté, ou celui de la fin. Rien de plus. Tandis qu'il pensait à cela, Hatari s'enfonçait plus loin encore dans le désert. Et bientôt, le vent lui apporta une odeur fraîche, et une silhouette claire se découpa devant ses yeux, à quelques dizaines de mètres de lui. Un Jangowa, sans nul doute. Hatari s'arrêta un instant. Le lion lui tournait le dos, et ne semblait pas l'avoir remarqué. Mais cela importait peu. Les dés étaient lancé. Alors, la tête basse et le regard menaçant, le jeune mâle sorti de l'ombre, et s'avança lentement, les crocs dévoilés.

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    L'impératrice se retourna brusquement, surprise :

    ─ Hatari ... ? Que fais-tu ici ? Il vont te découvrir ! Je ne te veux aucun mal...

    Elle avait plongé son regard ambré dans le sien. Comme pour faire passer un message. Après tout, n'était-elle pas en position de faiblesse ? Certes, elle était la compagne d'Akili, mais Hatari restait un mâle dans la fleur de l'âge. En colère, qui plus était. Autant dire qu'il représentait une réelle menace pour elle. Un instant, le jeune mâle fut tenté de lui asséner un violent coup de patte, rien que pour le plaisir de savoir Akili hors de lui à cette idée. Rien que pour se défouler. Mais le regard à la fois tendre et profond de Léhona le retînt. Parce qu'elle semblait vraiment sincère. Au fond, n'était-elle pas une des rares à l'avoir remarqué dans le clan ? A l'avoir remercié de garder un oeil sur Shabel, ou simplement à lui adresser la parole ?

    Léhona était la compagne d'Akili, Empereur des Jangowas. Celui qui avait à la fois détruit et proposé un nouveau futur à la vie d'Hatari. Mais quand il réfléchissait à cela, le jeune mâle se rappelait de ce que les Jangowas avaient appris quelques mois auparavant : l'Impératrice avait trompé l'Empereur. Et cette escapade avait donné deux héritiers illégitimes à Akili. Ce dernier avait tué le plus jeune mâle, et couvait la petite femelle d'un oeil peu chaleureux.Et il traitait Léhona avec bien peu de délicatesse, comme si la lionne n'existait plus réellement à ses yeux. L'aimait-il encore ? Et elle, l'avait-elle jamais aimé ? A cette idée soudaine, l'ancien Jangowa s'arrêta. Il cacha un instant ses crocs impressionnants, pour se concentrer sur le regard de l’Impératrice. Il avait là l'occasion de prendre sa revanche sur Akili en tuant sa compagne, affront plus qu’insupportable pour le lion orgueilleux qu'il était. Mais il avait peut-être la possibilité de lui porter un plus grand affront encore. Tout dépendait de la lionne qui se trouvait face à lui. Alors, d'une voix profonde, le regard encore sombre, il déclara :

    ─ Pourquoi te croirai-je ? Tu es un des leurs. Les ordres sont clairs.

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    ─ Je ne sais plus maintenant si je suis vraiment une des Jangowas… Je ne sais vraiment plus. Mon honneur et ma loyauté ont été bafoués, crois-tu que j’oserais trahir quelconque lion après l’incident ? Fais moi confiance.

    Comme s'il elle se savait en sécurité, Léhona s'assit. Peut-être était-elle inconsciente. Mais peut-être était-ce aussi une marque de confiance. Elle savait qu'il ne lui ferait pas de mal. Elle lui montrait qu'il pouvait croire en elle. Alors il rentra ses griffes. Il n'en restait pas moins amer et en colère, mais ce n'était pas la faute de Léhona. Elle avait tout d'un réelle impératrice. Courage, et honneur. Même après ses péripéties, elle avait su garder la tête haute. Elle avait défié Akili plus ouvertement que chaque lion sur cette Terre, et elle avait joué sa vie. Mais elle avait montré à tout un chacun que la liberté n'était pas quelque chose que l'on pouvait contrôler. Pas même de force. Tout cela n'était que parades et illusions.

    ─ Alors pourquoi laisser Akili t'entraver ?

    La voix d'Hatari était lourde de sens, chargée de rancœur. Pourquoi accepter d'être humilié chaque jour pour quelque chose qui n'était pas plus important que cela à ses yeux ? Lui avait tout perdu pour conserver sa liberté. Et aucun Jangowas n'avait tenu cela en compte. Pendant des années, il avait aidé chacun d'entre eux, mais pas un n'avait été capable de s'opposer à Akili lorsqu'il leur avait demandé de le tuer. Il avait alors pensé être le seul à juger qu'Akili n'était pas un bon Empereur. Chaque jour depuis son exil, il se sentait plus seul que jamais, comme s'il avait découvert une vérité qu'il était le seul à détenir. Comme si personne ne comprenait.

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    ─ Ils ont besoin de moi... Les sujets d'Akili et l'Empire ne peuvent pas luter sans une Impératrice, le cycle serait vide sans ma présence. Même si je réclame vraiment ma liberté, je dois avant tout me sacrifier pour mes sujets. Pour les Jangowas. Je n'attends juste que les choses passent. Je dois rester... car ces terres furent celles de mon père, et je ne les laisserai point aux pattes d'Akili.

    La voix de Léhona, même si elle était humble, restait fière. Comme si elle aimait à penser qu'elle était indispensable à la liberté des Jangowas. Et cela mit Hatari hors de lui. D'un violent coup de patte, il envoya valser du sable et des cailloux contre la paroi rocheuse la plus proche. Puis, il se retourna vivement, sa crinière tombant en mèche rebelle et ses yeux brillants d'une lueur perçante, et s'exclama :

    ─ Besoin de Toi ? Ils ne méritent l'aide de personne ! Ce ne sont que des lâches, trop faibles pour tenir leurs valeurs ! Ils ne sont guidés que par le pouvoir et la peur !

    Ses yeux brillaient de colère, et malgré lui, il avait presque crié. Peu lui importait la discrétion désormais, les paroles de Léhona l'avait bien trop révolté. Comment pouvait-elle seulement penser cela ? Certes, elle était l'impératrice, mais Akili n'avait que faire de son avis. Il faisait ce que bon lui plaisait, peu importait que la lionne s'interpose. Il aurait vite fait de la repousser. Il en était de même pour les Jangowas. Si quelques uns d'entre eux estimaient toujours Léhona, la plupart - les plus fervents adeptes de l'Empereur - riaient dans son dos, et lui crachaient presque dessus. Comment pouvaient-ils avoir besoin d'elle ?

    ─ S'ils avaient voulu leur liberté, ils auraient pu la prendre depuis bien longtemps. Mais ils ont préféré lécher les pattes d'Akili et chercher à nous tuer, simplement parce que nous n'étions pas d'accord avec Akili. Nous ne nous sommes pas attaqués à eux, nous ne les avons pas blessés, pas même brusqués, mais pourtant, nous sommes subitement devenus leurs ennemis. Pourquoi ? Parce qu'Akili craignait pour son autorité, et qu'il en a décidé ainsi.

    Si sa voix s'était légèrement posée, elle était désormais glaciale, et ses yeux furieux n'avaient pas quitté ceux de l'impératrice. Peut-être aurait-il mieux fait de l'abattre, si elle se révélait être un ennemi potentiel. Un ennemi bien trop proche d'Akili pour la laisser repartir en emportant tant de choses avec elle.

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    ─ Je ne suis pas idiote à ce point là, Hatari. J’ai Shabèl. Crois-tu qu’elle se débrouillera seule ? La majorité de ses chicanes sont réglée par ma personne, et je doute qu’Akili ne la laisse saine et sauve à cause de son sang impur à mon départ.

    Le mâle n'aimait pas la façon dont Léhona lui parlait. Pas plus que ce qu'elle avançait. Au fond, elle ne semblait pas vouloir quitter Akili. Peut-être l'aimait-elle, sans vouloir le reconnaître ? Hatari savait que Shabel avait besoin de sa mère, elle était encore jeune et avait besoin d'être surveillé. Il avait gardé un oeil sur elle plus d'une fois pendant que sa mère était absente. Il n'en avait pas pour autant entravé sa liberté.

    ─ Vako reviendra bientôt, et son ambition d ‘être empereur se fait entendre. J’ai encore un espoir mais même si Vako vainquait l’Empereur actuel, la liberté ne saura que faire de moi. Me dépêtrer de ces chaînes qui à chaque minute me retiennent n’est pas mon droit et ne le sera jamais.

    Si l'exilé avait perçu un soupir dans la voix de la lionne, il n'en fit rien. Il était trop en colère pour pouvoir le relever. Il s'était un jour dit qu'il ne devait sans doute pas être le seul à rêver de liberté, mais plus il avançait, plus il se rendait compte qu'il s'était voilé la face. Il était seul. Personne ne souhaiter quitter sa petite routine passée à lécher les pattes de l'Empereur. Tournant autour de Léhona comme un fauve en cage, il fulminait. Pour un peu, il en aurait sauté sur son interlocutrice pour la mettre à terre, comme il avait juré de le faire pour chaque Jangowa.

    Alors il s'arrêta, et releva la tête, dardant son regard brûlant dans celui de Léhona. Il avait l'occasion de le faire. Elle saurait se défendre, mais il aurait le dessus. Il en était certain. Là, dans ce repli rocheux, il pouvait tuer l'impératrice des Jangowas. La compagne d'Akili. Mais il ne le ferait pas. Elle n'avait rien pu faire dans l'Histoire. Elle n'était même pas là. Et il espérait que, si cela avait été le cas, elle aurait interféré en sa faveur. D'une voix bien plus calme, mais surtout glaciale, il déclara alors :

    ─ Tu t’apitoie sur toi-même, Léhona. Tu n'as pas une vie facile, mais il n'appartient qu'à Toi de t'en défaire. Tu n'as qu'à te détacher de tes chaînes, ce n'est qu'une question de volonté. Je t'ai proposé de t'aider, mais tu refuses. Soit. Cela ne m’empêchera pas de faire ce que j'ai à faire. Si Vako ne parvient pas à faire taire Akili, je m'en chargerai moi-même. Rien ne m'arrêtera, et je ferai taire chaque Jangowa enchaîné à l'Empereur. Y compris toi, s'il le faut.

    Sur ces dernières paroles, qui n'étaient pas des menaces en l'air, Hatari posa une dernière fois son regard vers l'Horizon, dans la direction qu'avait pris les compagnons de la lionne. Un jour, il reviendrait pour de bon. Un jour, mais pas aujourd'hui. Ce n'était pas encore l'heure. Et il avait d'autres choses à régler. Dans un murmure, il souffla - autant pour lui que pour elle - :

    ─ Si tu changes d'avis, viens me trouver.

    Puis, sans même un dernier regard pour Léhona ou pour le désert, il tourna le dos, et s'enfonça dans les Terres d'un pas puissant et assuré. Il ne craignait personne. Pas même la mort.

     
       

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